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dimanche 20 septembre 2020

L'écharpe, un signe distinctif militaire

Des chevaliers aux croisés, l’écharpe, signe distinctif ou personnel traverse les batailles

L’écharpe n’a pas toujours été un signe distinctif militaire utile et nécessaire. Son utilisation et son port correspondaient auparavant à une utilité spécifique ou un choix bien plus personnel. Les recherches à propos de son histoire, les prémisses de son apparition sont particulièrement instructives. Elles nous dévoilent de nombreuses facettes sur les origines de l’écharpe que l’on n’aurait sans doute pas imaginé sans se lancer à leurs découvertes dans les livres d’Histoire. On a toujours attribué l’utilisation de l’écharpe blanche au Moyen Âge à un rôle militaire, un signe distinctif pour se différencier de l’ennemi, un élément de ralliement à une armée ou un port de couleur martiale mais il semble que cela ne fût pas toujours le cas.

Le chevalier avait un usage simple et personnel de cette étoffe

L’armure que portait le chevalier était embarrassante, peu pratique et surtout ne lui permettait pas de porter et d’emporter avec lui des objets ou accessoires utiles. L’écharpe, relayée au rang de simple étoffe, avait au Moyen Âge un rôle purement fonctionnel. Le grand morceau de tissu faisait office de suaire, un accessoire auquel le chevalier pouvait avoir recours pour des raisons, des besoins simples mais fondamentaux ou vitaux au cours de la bataille comme par exemple panser ses plaies ou en essuyer le sang d’une blessure, tout simplement se moucher.

Puis la pratique changea. L’accessoire en tissu souvent de couleur blanche, celle du lin et nuance la plus couramment utilisée en ces temps. Symbolique et alors bien moins fonctionnel, il était le présent de la femme qu’il aimait. Le chevalier emportait avec lui et portait un signe, l’étoffe symbolisant l’amour qui le liait à sa tendre dulcinée. L’église couvrira aussi les jeunes chevaliers débutants d’une écharpe de nuance blanche, couleur qu’elle attribue à l’innocence et la pureté. L’étoffe blanche avait toute sa place dans l’attirail du chevalier.

L’étoffe devient un signe distinctif martial

C’est au temps des croisades, période à laquelle les troupes prenaient une ampleur de plus en plus importante, que l’accessoire prit progressivement le sens que l’on lui attribue bien plus facilement aujourd’hui de manière un peu hâtive. Le besoin de porter un signe distinctif de ralliement, d’appartenance à une nation prenait inévitablement tout son sens et devenait nécessaire.

L’historien Joseph François Michaud mentionnait dans ses ouvrages consacrés aux croisades l’existence et la fonction que l’on allait désormais attribuer à l’écharpe sur le champ de bataille des premières croisades : « sur la cote d’armes de chaque écuyer flottait une écharpe bleue, rouge, verte ou blanche ». L’écharpe se porte alors de manière croisée sur la cote d’armes du guerrier. Les croisés la portent en sautoir autour du cou. C’est de ce type d’utilisation et de positionnement en diagonale que naît l’expression « prendre en écharpe » qui signifie prendre de manière oblique.

Dans certains cas, au-delà de la tonalité blanche, la couleur pouvaient symboliser une alliance entre provinces ou nations. Elle restera néanmoins dans un usage le plus courant de couleur blanche. Certains écrits relatent sous Philipe Lebel l’existence d’ « escherpettes blanches cousues ».

Un élément de l’attirail du pèlerin

Le pèlerin en fit usage également. L’arsenal caractéristique du pèlerin se composait de l’écharpe et du bourdon. Celle-ci n’était en définitive qu’une bande assez mince, une courroie retenant une escarcelle. Les rois recevaient les accessoires de l’évêque ou de l’abbé. Ils prenaient alors « l’escherpe et le bourdon » avant d’entamer leur long itinéraire de pèlerinage. Au 14ème siècle, à la fin de la période des croisades et pèlerinages, l’écharpe est un accessoire à part entière de l’uniforme avec l’avènement de l’armure plate. Elle ne supporte plus une sacoche ou une escarcelle. Elle est désormais un élément distinctif, un signe exclusivement militaire.

Au 15ème siècle, peu à peu, l’utilisation de la couleur blanche n’est plus un impératif. La gendarmerie du monarque remplace progressivement la chevalerie traditionnelle. Elle n’est plus un signe martial de ralliement à une nation, une armée mais plutôt une marque de faction. Elle va prendre place en bandoulière sur les vêtements d’étoffe et de cour.

A chaque troupe, chaque infanterie, chaque nation sa couleur d’écharpe

Comme évoqué plus tôt, la couleur la plus couramment utilisée fût tout d’abord le blanc. Au 15ème siècle sous, la venue des armes à feu vient compléter dans l’attirail du guerrier et rend l’écharpe encombrante.

Par la suite, Charles IX et Henri III firent le choix de l’écharpe rouge face à leurs opposants les huguenots à l’étoffe blanche.

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Henri IV 1610

A titre d’exemple, les hollandais portaient le orange, les espagnols le rouge, les anglais le bleu.

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Infanterie espagnole Rocroi 1643

On sait déjà, que du temps de la Fronde, les armées des différents partis, se distinguaient par leurs couleurs : les soldats du roi portaient l’écharpe blanche, ceux du prince de Condé l’écharpe isabelle, ceux de Mazarin l’écharpe verte."

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Louis II de Condé 1649

En France, son utilisation fût peu à peu abandonnée par la suite. Gênante, lors des tournois, elle devenait même nuisible et dommageable. C’est le port du fusil au début du 18ème siècle qui conduira à l’abandon de l’écharpe et sa disparition de l’uniforme. L’écharpe en voie de disparition trouvera alors une nouvelle place auprès de l’emblème national par excellence, le drapeau.

L’écharpe, à l’origine accessoire de l’attirail martial du chevalier se mue en cravate distinctive qui se trouve en bout du fer de lance de l’étendard national, une reconversion à l’allure de retraite bien méritée.

https://www.echarpissime.com/origine-histoire-echarpe/etude-historique-echarpe/

https://artillerie.asso.fr/amad/article.php3?id_article=503

https://petitegalerie.louvre.fr/oeuvre/henri-iv-1553-1610-roi-de-france-en-armure

mercredi 20 novembre 2019

Georges Lesieur et ses Fils

1863: Georges Lesieur entre à 15 ans chez Desmarais frères qui produit le pétrole lampant Astraline, le pétrole de luxe Oriflamme. La société fabrique également le savon Notre-Dame-de-l'Océan au Havre, ainsi que de l'huile d'arachide et de colza Rufisquin ou Crème de Rufisque.
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1886: Desmarais frères crée Automobiline, "une essence homogène pour automobiles, petites voitures et tricycles", vendue dans des bidons de 5 litres, et l'essence extra-blanche Oriflamme, vendue pour l'éclairage.
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1908: Georges Lesieur après avoir passé 45 ans dans la société pétrolière Desmarais et en être devenu le directeur-général, démissionne à l'âge de 60 ans, pour fonder son entreprise.

1909: Dépôt du logo aux 4 losanges rouges pour symboliser l'union de Georges avec ses 3 fils Maurice, Henri et Paul.
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1911: Inauguration de sa première huilerie à Coudekerque, dans la proche banlieue de Dunkerque. L'huile alimentaire est à base d'arachide mais l'usine fabrique aussi de l'essence Energic et de l'huile Energol.

1914: Georges Lesieur et ses fils est une des neufs sociétés du cartel qui dominent le marché pétrolier français.

1921:La Société Georges Lesieur et ses fils (département huile minérale) s’associe à Paix et Cie , à la Société Navale de l'Ouest et à l’Anglo-Iranian Oil Co (futur BP) pour créer la Société Générale des Huiles de Pétrole (SGHP).
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1924: Lesieur lance la première huile de table en bouteille. Jusqu'ici, les consommateurs venaient chercher leur huile avec un bidon. Cette révolution est accompagnée par une campagne d'affichage nationale. Georges Lesieur est d'ailleurs un précurseur en matière de communication : quelques années plus tard il organise un dîner chez Drouant où sont invitées des personnalités du théâtre, de la littérature et de la politique.
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1931: Mort de Georges Lesieur. Paul Lesieur et de son beau-frère Jacques Lemaigre Dubreuil lui succède.

1944: L'usine de Couderkerque est détruite par les bombardements mais elle sera reconstruite dès 1950. L'entreprise doit s'implanter en Afrique, où ses trois usines entreront en service, à Dakar en 1943, à Casablanca en 1944 et à Alger en 1948.

1950: Baptisée "Persavon", de "Père Savon", surnom donné au responsable de la fabrication de savons de la société Lesieur, la marque conçue pour les soins corporels et le lavage des linges est présentée dans un étui de deux morceaux de 400 grammes. Persavon passera dans les mains de Colgate avant d'appartenir, depuis 1991, aux Savonneries Bernard.
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1951: L'entreprise entre en bourse et perd progressivement son caractère familial. Elle se diversifie tous azimuts (mayonnaise, plats cuisinés, détergents...) et subit plusieurs rachats successifs.

1958: Les ventes atteignent 125 millions de litres et Lesieur devient le premier huilier français.

1963 : Lesieur lance la margarine Lesieur, ainsi que sa première bouteille d'huile non consignée en plastique à base de PVC.

1988 : Lesieur est racheté par Beghin Say.

1990 : Lancement de l'huile Isio 4, une des meilleures ventes de la marque.

2003: Lesieur est racheté par Saipol (Société Agro Industrielle de Patrimoine Oléagineux) filiale de Sofiproteol, l'établissement financier de la Filière Française des Huiles et Protéines Végétales.

2005 : Lesieur rachète Puget à Unilever.
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2015: Sofiproteol devient Avril.
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mardi 12 novembre 2019

Alexandre ANDRE

1845: Naissance à Yssingeaux d'Alexandre André. Son père avait fait faillite avec sa banque d’affaires à Saint-Étienne lors de la révolution de 1848. Pour élever son jeune garçon et lui payer des études, alors qu’il était presque ruiné, il avait acheté une usine de rubans et de dentelles, les ex Ets Forest à La Guide, laquelle ravitaillait notamment le Bazar de la Charité à Paris.

Les métiers à tisser étaient lubrifiés, à l’époque, par des huiles végétales (olive, ricin…) qui brûlaient aux environs de 100 °C. Les métiers tournant très vite, des échauffements se produisaient à cause des frottements métal sur métal et les pièces cassaient ! Il fallait donc réparer, ce qui nécessitait un temps assez long, au détriment de la clientèle. Il entendit parler d’un produit dont on pouvait extraire des huiles qui supportaient des températures jusqu’à 900°. Sa curiosité naturelle lui avait permis de pressentir tout l’intérêt que pourrait apporter cette substance extraite en Russie. Il négocie un contrat d’approvisionnement avec les propriétaires de ces puits. Il s’agissait des frères Nobel qui avaient créé une compagnie produisant 50 % des hydrocarbures dans le monde: la Branobel (pour bratiev Nobel, cad frères Nobel).
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De retour dans l’Hexagone, Alexandre André fait l’acquisition d’un cargo d’occasion qu’il baptise de son nom, pour transporter le fluide dans des fûts en bois de 200 litres. Puis il achète une usine à Port-Saint-Louis-du-Rhône pour y raffiner et produire du pétrole pour la lumière et surtout donc des graisses lubrifiantes pour la mécanique.
1877: Création de la Société Alexandre André Fils (SAAF) premier importateur d’huiles minérales pour le graissage des machines.
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1887:Il fait construire le premier tanker, le « Titan », un transporteur de 1.400 tonnes qui est l’ancêtre de tous les pétroliers.
1900: Fusion des sociétés de vente du pétrole russe sous le nom de Société d’Armement, d’Industrie et de Commerce (S.A.I.C.), qui, en 1914, contrôle pratiquement 95% des exportations en provenance de Russie.
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1904: L’entreprise dont le siège social et le laboratoire se trouvaient rue de la Tour des Dames à Paris, avait reçu l’autorisation de traiter ses huiles de pétrole dans une deuxième usine de raffinage sur les bords de Seine à Port-Jérôme, face aux chantiers de Normandie de Grand-Quevilly en Seine-Maritime.

1913: La firme André fait partie des trois principaux importateurs français de pétrole.

1918: Décès d'Alexandre. Ses fils Jacques et Robert continuèrent dans la même voie: directeur à la société A. André et Fils, puis directeur à la société Franco-Américaine de Raffinage, président d’Esso standard et président de l’Union des chambres syndicales de l’industrie du pétrole.

1933: La SAIC s'associe avec la Société Anonyme pour l’Importation des Huiles de Graissage et la Société Anonyme d’Huiles & Vaselines dans la Belgium Gulf Oil à qui elle apporte plusieurs navires pétroliers: Emmanuel Nobel, Alexandre André, Lubrafol, Spidoléine, Belgian Gulf. Après la guerre 1914-1918, les trois sociétés susdites faisaient largement appel aux producteurs américains et de manière prédominante à la Gulf Oil Corporation de Pittsburgh en Pennsylvanie
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1935: SAAF s’allie à des partenaires américains pour créer la Standard Franco Américaine de Raffinage (la Société Franco-Américaine de Raffinage, constituée en 1929 fut créée par la Standard Oil of New-Jersey.
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1932: Devenue la Standard Franco-Américaine de Raffinage en 1932. Création de la raffinerie de Port-Jérôme (Seine-Maritime) en 1933, associée à Gulf Oil et Atlantic Refining. Intégrée à la Standard Française des Pétroles en 1936.

1948: Les huiles Spidoléine disparaissent en 1948, supplantées par la marque des huiles Yacco, créée en 1919.

https://www.leprogres.fr/haute-loire/2016/12/25/alexandre-andre-un-pi-onnier-de-l-industrie-petroliere
https://russkymost.net/2018/05/08/un-pionnier-de-lindustrie-petroliere/
http://www.branobelhistory.com/

samedi 18 mai 2019

Le nouveau système de pêche à Boulogne: l'armateur

Parallèlement de grands comptoirs se constituèrent . 51 % des harenguiers envoyés en Écosse en 1868 appartenaient à 4 armateurs : Vidor, Huret-Dupuis, Bouclet, Ancel-Joly.

Les armateurs de la place, regroupés au sein du Comité des armateurs à partir de 1856, prirent connaissance des progrès réalisés à l’étranger lors des expositions internationales des pêches maritimes organisées à Amsterdam en 1861 et à Bergen en 1865 où leur président P. Lonquéty fut délégué par le gouvernement. En 1866, Boulogne servit de cadre à la troisième exposition de ce type.

Une première révolution technique se produisit dans les années 1870. Après plusieurs voyages en Angleterre, Joseph Huret fit construire un bateau sur le modèle britannique avec un nouveau gréement, en dundee, plus maniable que l’ancien, en lougre, et il embarqua des filets de coton à la place des traditionnels filets de chanvre. En plus, initiative personnelle, il fit installer un cabestan actionné par une petite machine à vapeur de 3 CV pour la manœuvre du train de pêche. Ces innovations se diffusèrent rapidement. La campagne d’essai du « Progrès » se déroula en 1870, l’année suivante 2 bateaux munis d’un cabestan à vapeur firent la campagne harenguière et en 1878 tous les navires se livrant à la pêche aux filets dérivants (hareng et maquereau) en étaient pourvus. En même temps, les filets de coton furent rapidement substitués aux filets de chanvre ; leur plus grande légèreté permettait d’allonger le train de pêche et d’accroître sa capacité de capture. Parallèlement la taille des navires grandit ; les harenguiers qui jaugeaient en moyenne 45,3 tonneaux en 1866-1868 atteinte.

L’innovation entraîna une rapide transformation dans l’organisation de la pêche. Le vieux système de l’écorage s’effaça.

L’armateur propriétaire du bateau et des engins de pêche apparut à partir de 1873 ; la rémunération à la part subsista mais une part accrue était absorbée par l’amortissement du capital fixe.

Sur le produit brut de la pêche, l’armateur récupérait ses dépenses d’armement : sel, tonnes et avitaillement, et percevait une commission d’écorage de 5 % du produit brut ; sur le produit net il calculait l’amortissement du capital à raison de 3,5 parts pour le bateau, 1,5 part pour la machine à vapeur du cabestan et 0,5 part par lot de 10 filets. Le patron recevait 1,5 part et chaque matelot 0,5 part.

À partir de 1881 certains armateurs remplacèrent la demi-part par un salaire fixe ; sur 36 des 128 harenguiers, les hommes s’embarquèrent pour 90 F par mois.

Boulogne avait 335 navires à voile et 4 à vapeur en 1884 (note Annuaire de la Marine Marchande 1884 côte SGb 3639 Bibliothèque de l'Alcazar à Marseille)

C’est en 1894, que Louis Bouclet puis les frères Vidor, deux des plus importants armateurs de la place, firent l’acquisition, Outre-Manche, des deux premiers vapeurs : la « Ville de Boulogne » avec ses 196 tonneaux et sa machine de 390 CV et la « Liane » (136 tonneaux et 248 CV).

En 1903 le port comptait 30 vapeurs jaugeant en moyenne 192 tonneaux avec une puissance de machine de 316 CV. Dès lors la substitution de la vapeur à la voile fut très rapide. On ne construisit plus de chalutier à voiles à Boulogne après 1905 et on n’en arma plus après 1910. Alors qu’en 1894, on avait armé 84 harenguiers à voiles et 1 à vapeur, en 1913 on comptait 40 voiliers et 46 vapeurs.

La pêcherie toulonnaise se mit alors à l’heure du capitalisme moderne, conséquence de l’augmentation des investissements.

En 1902, les 7 grands voiliers mis en service coûtèrent 53 000 F l’unité et 340 F/tonneau alors que les 6 grands vapeurs neufs revenaient à 163 000 F chacun et 665 F/tonneau. Vers 1910, les grands chalutiers valaient 240 000 F.

L’entreprise individuelle ou familiale céda le plus souvent la place à la société.

Les Archives du Tribunal de Commerce ont conservé trace de 39 sociétés de pêche constituées entre 1881 et 1914 ;
16 d’entre elles étaient des sociétés en nom collectif avec un capital de départ moyen de 241 000 F,
16 étaient en commandite simple (206 500 F),
2 étaient des sociétés en commandite par actions (170 000 F)
5 des sociétés anonymes par actions (300 000 F à la fondation).

Les sociétés de personnes l’emportaient sur les sociétés de capitaux et si la modernisation de la pêcherie boulonnaise fut le fait d’entrepreneurs capitalistes, la pêche artisanale, avec son organisation traditionnelle, subsista.

À la veille de la guerre on comptait 22 compagnies d’armement exploitant 92 navires dont 73 vapeurs,
30 armateurs exploitant 56 bateaux dont 45 vapeurs et
117 patrons propriétaires de 127 bateaux dont 108 voiliers.

Extrait de Histoire de Boulogne sur Mer, ville d'art et d'histoire sous la direction d'Alain Lottin chapitre IX un siècle de croissance économique (1815-1914) de Georges Oustric.

Un des plus puissants armateur de Boulogne fut:

Louis Bouclet (1854-1925). Déjà armateur sur Boulogne, il créa en 1894 la Société Boulonnaise des bateaux de pêche à vapeur L. BOUCLET et Cie, société en commandite de 240 000 francs, pour acheter outre-Manche, le premier bateau de pêche à vapeur: la « Ville de Boulogne » 196 tonneaux et machine de 390 CV.
En 1907 le comptoir de L. Bouclet possédait 10 vapeurs.
Après la guerre, ses fils s'associèrent à Zunequin et Eugène Canu dans la Société Boulonnaise d'Armement à la Pêche.
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Il commercialisait le produit de la pêche par la marque La Boulonnaise, crée en 1880.
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samedi 4 mai 2019

Drapeau tricolore: le discours de Lamartine 1848

Le 24 février 1848 une insurrection renversa le roi Louis-Philippe, et un Gouvernement provisoire s’installa en proclamant la IIe République.

Le 25, certains révolutionnaires parisiens (dont Blanqui) essayèrent de faire adopter le drapeau rouge symbole du « sang généreux versé par le peuple et la garde nationale ». Le poète Lamartine devenu ministre des affaires étrangères s’opposa au drapeau rouge dans un discours devenu célèbre:
Citoyens, vous pouvez faire violence au gouvernement, vous pouvez lui commander de changer le drapeau de la nation et le nom de la France. Si vous êtes assez mal inspirés et assez obstinés dans votre erreur pour lui imposer une République de parti et un pavillon de terreur, le gouvernement, je le sais, est aussi décidé que moi-même à mourir plutôt que de se déshonorer en vous obéissant. Quant à moi, jamais ma main ne signera ce décret. Je repousserai jusqu'à la mort ce drapeau de sang, et vous devez le répudier plus que moi, car le drapeau rouge que vous rapportez n’a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple en 91 et en 93, et le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie.

Le 26 on arriva à un compromis. Il fut décidé que l’on conservait le pavillon et le drapeau national décidés par la Convention nationale "dont les couleurs seront rétablies dans l’ordre qu’avait adopté la République française"

Le 27, le délégué de la République au Département de la Police, le citoyen Marc Caussidière, chargé de l’exécution de la décision du 26, prescrivit qu’un drapeau bleu-rouge-blanc soit arboré sans délai sur les monuments et établissements publics.
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Erreur ou volonté de proposer un drapeau tricolore revenu dans l'ordre des couleurs de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790 ? Une solution qui aurait permis de changer du drapeau bleu-blanc-rouge décrédibilisé par son utilisation comme symbole de la monarchie de Juillet (celle de Louis-Philippe).

Devant la violence des protestations, un décret du 5 mars 1848, et une circulaire du 7 mars rétablissent la situation en faveur du drapeau bleu-blanc-rouge.

Le 24 avril, élection d'une assemblée nationale où dominent les Républicains du lendemain (paraphrase ironique pour nommer les Royalistes et les Bonapartistes ralliés à la Révolution).

Le 20 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte est élu président de la République.

De cette scène, il nous reste le tableau que fit Philippoteau, célèbre peintre d'histoire.

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On y voit Lamartine tenant son discours devant l’Hôtel de Ville. Un drapeau rouge et un drapeau bleu-rouge-blanc sont portés par des manifestants, mais c'est un drapeau bleu-blanc-rouge qui domine sur le bâtiment.

vendredi 3 mai 2019

Drapeaux à canton (5): Pavillon français 1790-1794

Une révolte éclate dans l'escadre de Brest le 16 septembre 1790. Après envoi d'informations du chef d'escadre et rapport du comité de la marine, l'Assemblée Nationale, dans la séance du 21 octobre 1790, décide de modifier le pavillon pour y intégrer les couleurs nationales.
Auguste Jal décrit la discussion des membres de l'Assemblée dans un article de La France Maritime 1837 vol 1 page 115
On peut retrouver la retranscription exacte de la séance dans le Moniteur universel de Paris p115
Je souligne en gras les points essentiels qui furent évoquées pendant cette création.
Rappelons que depuis 1661, les navires de guerre français portent le pavillon blanc, couleur dynastique des Bourbons, comme pavillon de poupe. Et que depuis 1765, ce privilège a été étendu aux navires de commerce.

La discussion fut vive sur cette question. Le coté droit de l’assemblée tenait pour le pavillon blanc ; Mirabeau et le côté gauche opinaient pour ce qu’ils croyaient de nouvelles couleurs nationales. M. de Vandreuil, voulant écarter la proposition, qu’il voyait près de passer, disait : « J’ai une observation a faire sur le pavillon qu’on propose d’arborer : c’est le même que celui des Hollandais. »

M. de La Galissonnière, dans le même intérêt, ajoutait : « Il est d’autant plus nécessaire de conserver la couleur de notre pavillon, que ceux des Anglais et des Hollandais sont aux trois couleurs : d’ailleurs, vous occasionneriez des dépenses considérables… ll faut conserver à la monarchie son ancien pavillon. »

Mirabeau était trop habile pour laisser échapper le pauvre argument tiré des dépenses que le changement de pavillon devait amener, et dans un discours en réponse à toutes les objections du côté de l’assemblée qui lui était opposé, il jeta cette phrase dont je souligne à dessein les derniers mots, qui me serviront quand je discuterai plus bas l’origine des trois couleurs : « On a objecté la dépense, comme si la nation, si longtemps victime des profusions du despotisme, pouvait regretter le prix des livrées de la liberté. »

M. de Virieu ouvrit un avis qui finit par triompher ; il voulait bien que les couleurs nationales figurassent au pavillon, mais il prétendait que le pavillon restât blanc, quant au fond. Voici comment il exprima sa pensée : « Je ferai aussi quelques observations sur le pavillon qu’on se propose de substituer à celui qui a toujours fait l’honneur et la gloire du nom français. Tous les bons citoyens seraient effrayés si la couleur était changée. C’est ce pavillon qui a rendu libre l’Amérique. Un changement tendrait à anéantir le souvenir de nos victoires et de nos vertus. Je partage le sentiment qui a engagé le comité à nous proposer ce signe de notre liberté. En conséquence, je demanderai qu’a la couleur qui fut celle du panache d’Henri IV, se joignent celles de la liberté conquise, c’est-à-dire qu’il y soit joint une bande aux couleurs nationales. »

Mirabeau repoussa cette proposition comme les autres ; il ne vit dans l’intention de conserver le fond blanc qu’une pensée contre-révolutionnaire. Il répondit ensuite à une phrase méprisante de M. de Foucault, qui avait dit : « Laissez à des enfants ce nouveau hochet des trois couleurs ! »

Voici les paroles de Mirabeau : « Je dis qu’il est profondément criminel de mettre en question si une couleur destinée à nos flottes peut être différente de celle que l’Assemblée nationale a consacrée, que la nation et le roi ont adoptée, peut être une couleur suspecte et prescrite. Je prétends que les véritables conspirateurs, les véritables factieux, – on l’avait accusé de tenir le langage d’un factieux, – sont ceux qui parlent de préjugés à ménager, en rappelant nos antiques erreurs et les malheurs de notre honteux esclavage. »

M. Guilhermy répliqua qu’on ne pouvait vouloir la contre-révolution parce qu’on voulait conserver le drapeau blanc : « Comme si, ajouta-t-il, lorsque l’oriflamme suspendue à la voûte de cette salle ne porte pas les couleurs nationales, elle est un signe de contre-révolution. »

On ne répondit point à l’objection. Il semblait, en effet, que, pour être conséquente à elle-même, l’Assemblée nationale aurait dû avoir le drapeau tricolore dans le lieu de ses séances, au lieu de l’étendard, qui, au surplus, était encore celui de l’armée, auquel peu de jours après, seulement, on suspendit une cravate aux couleurs nationales.

L’Assemblée, après ces chauds débats, renvoya à son comité de marine la question de la forme de l’enseigne navale ; et, le 24 octobre 1790, un décret ordonna que le pavillon français porterait a l’avenir les couleurs nationales. Voici les dispositions principales de ce décret, qui donnait gain de cause à M. de Virieu.

« Art. 1er. Le pavillon de beaupré sera composé de trois bandes égales et posées verticalement ; celle de ces bandes la plus près du bâton sera rouge, celle du milieu blanche, et la troisième bleue. (On adoptait cette disposition des bandes verticales pour éviter la ressemblance avec le drapeau hollandais.)

Art. 2. Le pavillon de poupe portera, dans a son quartier supérieur, le pavillon de beaupré ci-dessus décrit ; cette partie du pavillon sera exactement le quart de sa totalité, et environnée d’une bande étroite, dont une moitié de la longueur sera rouge et l’autre bleue ; le reste du pavillon sera de couleur blanche. Ce pavillon sera également celui des vaisseaux de guerre et des bâtiments de commerce. »

Le comité de la marine fit exécuter sur une feuille de papier un modèle du pavillon de poupe, et l’envoya à M. de Fleurieu, nouvellement nommé ministre de la marine à la place de M. de La Luzerne, qui avait donné sa démission.

((/public/drapeau/fr_1790e.gif Note d’instruction sur le pavillon national de France Décrété par l’Assemblée Nationale le 24 Octobre 1790, & sanctionné par le Roi.

L’espèce de transaction qui avait timbré le pavillon de la monarchie des couleurs nationales, devait déplaire à la république ; elle n’y pensa cependant que longtemps après la mort de Louis XVI. Jean-Bon Saint-André, au nom du comité de salut public, proposa, le 27 pluviôse an II (15 février 1794), un décret qui supprimait le fond blanc et changeait l’ordre des couleurs. Ce décret fut adopté en ces termes :

« Art. 1er. Le pavillon décrété par l’Assemblée nationale constituante est supprimé.

Art. 2. Le pavillon national sera formé de trois couleurs nationales, disposées en trois bandes égales posées verticalement, de manière que le bleu soit attache à la gaule du pavillon, le blanc au milieu, et le rouge flottant a dans les airs. »

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Jean-Bon ne pouvait proposer un changement si important sans expliquer la pensée du comité du salut public à cet égard. Voici quelques passages de son rapport :

« Un pavillon qui n’est pas celui de la république flotte encore sur nos vaisseaux. Les marins s’en indignent ; ils appellent à grands cris une réforme que vos principes, que l’honneur de la liberté réclament avec eux… L’Assemblée constituante apporta quelque changement ou plutôt une légère modification au pavillon ci-devant royal. Le peuple, fatigué de sa tyrannie, demandait que tout ce qui en retraçait le souvenir fut absorbé par les couleurs chéries de a la liberté ; des disputes sérieuses s’élevèrent dans le sein de cette assemblée sur la forme du pavillon national. On sentit bien qu’il fallait se soumettre à l’opinion publique ; … mais on tacha de l’éluder, même en paraissant la respecter : on conserva pour le fond la livrée du tyran. Et les couleurs républicaines, reléguées dans un coin du pavillon, n’attestèrent, par la mesquinerie ridicule avec laquelle on les y avait placées, que le regret de ceux à qui la puissance du peuple avait arraché ce faible sacrifice… Ce pavillon déplut presque également aux partisans du despotisme et aux amis de la liberté. Les uns ne virent dans cet alliage bizarre qu’une tache à ce pavillon, flétri par les Conflans et les Grasse ; les autres n’y virent, avec plus de raison, qu’une dérision, une caricature outrageante pour le peuple, que l’on comptait presque pour rien au moment où l’on proclamait sa souveraineté. L’imitation servile de la forme anglaise acheva d’indisposer les esprits, et ce fut avec beaucoup de peine qu’on parvint à le faire adopter. »

lundi 29 avril 2019

Drapeaux à canton (3): avec un champ rouge

Sur les 197 drapeaux des états reconnus par l'ONU, on a vu que 6 portaient l'Union Jack en canton, 6 avaient un canton sur un champ rayé. Il en reste 3 qui portent un canton sur un champ rouge et 1 sur un autre champ.

Devant la première assemblée des Tonga, en 1862, le roi George Tupou Ier déclara que son vœu était que leur drapeau contienne la croix de Jésus et quelle soit rouge pour rappeler le sang répandu sur la croix. Malheureusement, le drapeau choisit était trop semblable à celui de la Croix-Rouge, adopté le 22 août 1864. En 1875, le prince Uelingatoni Ngu Tupoumalohi et le révérend Shirley Baker, un prêtre méthodiste wesleyen australien, modifièrent le drapeau en prenant comme exemple le Red Ensign britannique et en remplaçant l'Union Jack au canton par l'ancien drapeau tongien.

to.gif Tonga 1875

Les 2 autres drapeaux sont:

Taiwan.png Kuomingtan 1917; République de Chine (1928-1949); Taïwan (1949- )

160px-Flag_of_Samoa.png Samoa 1949

Il nous faut parler du drapeau de la Birmanie avant que le pays se nomme Myanmar:

120px-Flag_of_Myanmar__1974_2010_.png Birmanie (1974-2010)

samedi 20 avril 2019

Drapeaux pan-africains (2) Ethiopie

L’Éthiopie en 1897 commença à utiliser les couleurs vert-jaune-rouge.
et-li_cr.gif Éthiopie (1897-1975)

En 1957, le Ghana fut le premier des états africains à se déclarer indépendant. Il prends les couleurs rouge, jaune, vert en référence à l’Éthiopie, le seul des états africains qui soit indépendant. Il sera suivi par une douzaine d'états africains principalement francophones, qui deviennent indépendants à la même époque.
120px-Flag_of_Ghana.png Ghana (1957- 1964, 1966- )
120px-Flag_of_Cameroon.png Cameroun (1975- )
120px-Flag_of_the_Republic_of_the_Congo.png Congo (1959-1969, 1991- )
120px-Flag_of_Guinea.png Guinée (1958- )
120px-Flag_of_the_Central_African_Republic.png République Centrafricaine (1958- )
120px-Flag_of_Benin.png Bénin (1959-1975, 1990- )
120px-Flag_of_Senegal.png Sénégal (1960- )
120px-Flag_of_Mali.png Mali (1961- )
130px-Flag_of_Togo.png Togo (1960- )
cd-kasai-1.jpg Sud-Kasai (1960-1962)
rw-1962-1.jpg Rwanda (1962-2001)

Les couleurs vert-jaune-rouge sont arrivées à une popularité maximum et sont reprises par des états caribéens et africains.
134px-Flag_of_Guyana.png Guyana (1966- )
cd-zaire-1.jpg Zaïre (1971-1997 )
134px-Flag_of_Grenada.png Grenade (1974- )
160px-Flag_of_Guinea-Bissau.png Guinée-Bissau (1973- )
cv_1975-1.jpg Cap Vert (1973- )
160px-Flag_of_Sao_Tome_and_Principe.png Sao Tome (1975-1992 )
120px-Flag_of_Burkina_Faso.png Burkina Faso (1984- )

Mais attention, tous les drapeaux vert-jaune-rouge ne sont pas africains.
bo-1.jpg Bolivie (1851- )
134px-Flag_of_Lithuania.png Lithuanie (1918-1940, 1988- )
120px-Flag_of_Myanmar.png Myanmar (2016- )

vendredi 19 avril 2019

Drapeaux pan-africains (1) UNIA

L'UNIA (Universal Negro Improvement Association ou Association Universelle d'Amélioration Nègre) est une organisation nationaliste noire internationale créée par Marcus Garvey en Jamaïque en août 1914. Son influence se fit sentir dans les principaux quartiers urbains noirs du nord des États-Unis après son arrivée à Harlem, à New York , en 1916.

Les couleurs rouge, noir et vert ont été déclarées couleurs officielles de la race africaine par l'UNIA en 1920, lors de la convention du 13 août au Madison Square Garden. Le drapeau correspondant est ainsi nommé drapeau pan-africain, drapeau afro-américain, drapeau de libération des noirs, ou encore drapeau de l'UNIA. Les trois couleurs représentent :

  • rouge : le sang qui unit tous les peuples ayant des ancêtres africains et celui de la lutte pour la libération ;
  • noir : le peuple noir en tant que nation, bien que sans État correspondant ;
  • vert : l'abondance de la nature d'Afrique.

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Le drapeau aurait été créé en réponse à une chanson raciste, écrite en 1900 qui s'intitule "Every race has a flag but the 'Coon'"(chaque race a son drapeau sauf les nègres - https://www.youtube.com/watch?v=AmDCpDW16BY)

Marcus Garvey sera arrêté par le gouvernement américain en 1925, puis expulsé vers la Jamaïque en 1927. Après son expulsion, le mouvement américain connaitra des divisions et des scissions qui l'affaibliront. Après la mort de Garvey en 1940, la UNIA perd de son influence, même si elle existe toujours en 2006.

Les couleurs noir-rouge-vert ont inspiré un certain nombre de pays africains, surtout anglophones.
120px-Flag_of_Kenya.png Kénya (1963- )

120px-Flag_of_Malaw.png Malawi (1964- )

Biafra.png Biafra (1967-1970)

120px-Flag_of_Saint_Kitts_and_Nevis.png St Kitts and Nevis (1983- )

Flag_of_South_Sudan.png Soudan du sud (2005- )

Mais attention, tous les drapeaux rouge-noir-vert ne renvoient pas à l'UNIA.

La Libye associe le noir de la Cyrénaïque au rouge du Fezzan et au vert de la Tripolitaine.

160px-Flag_of_Libya.png Libye (1951-1969 et 2005- )

L'Afghanistan associe au noir des premiers drapeau afghans, le rouge de la couleur royale avec le vert de l'Islam.

100px-Flag_of_Afghanistan__1931_1973_.svg.png Afghanistan (1931-1973)

jeudi 4 avril 2019

Drapeaux musulmans (9): la libération arabe de 1953

La révolution arabe déçut beaucoup les partisans d'une nation arabe unie. La nation arabe fut démembrée en divers états gouvernés par des membres de familles royales avec un très fort contrôle européen.

De jeunes officiers vont s'emparer des pouvoirs dans certains états arabes et rêver à une union nationale arabe civile. Ils ont pour nom Nasser, Khadafi, Saddam ...

Tête de file de cette génération, le colonel Nasser prends le pouvoir après le coup d'état des "officiers libres" de 1952 en Égypte.

Les putschistes conservèrent le drapeau vert frappé du croissant et des étoiles blanc qui était l'emblème du royaume et firent flotter à son côté un drapeau révolutionnaire qui présentait les 3 autres couleurs pan-arabes: rouge, blanc et noir frappé d'un aigle d'or.

eg-53.jpg Égypte drapeau révolutionnaire (1952-1958).

Les deux drapeaux furent remplacés par un tricolore rouge, blanc, noir frappé de deux étoiles vertes quand Nasser voulut réaliser son projet de la République Arabe Unie. Le projet politique échoua mais le modèle de drapeau laissa des traces dans les pays de la région:

120px-Flag_of_Syria.png Syrie (1958-1961 et 1980- ), Égypte (1958-1970).

Flag_of_Sudan.png Soudan (1970- )

120px-Flag_of_Yemen.png Libye (1969-1971), Yémen (1990- )

120px-Flag_of_Egypt.png Égypte (1984- ).

120px-Flag_of_Iraq.png Irak (2008- )

Attention: Tous le Arabes ne sont pas musulmans et tous les musulmans ne sont pas arabes (80% des musulmans ne sont pas arabes).

Il n'y a pas recouvrement complet entre les deux mondes et les emblèmes pan-arabes n'ont aucune influence dans le reste du monde musulman.

mercredi 3 avril 2019

Drapeaux musulmans (8): la révolution arabe de 1916

Ces couleurs sont inspirées d'un vers de Safiy-eddine Al-Hali (1278-1349): « Blancs sont nos bienfaits, noires sont nos batailles, verts sont nos pâturages, rouges sont nos épées » et porté sur le drapeau du Club de littérature arabe d'Istanboul qui exista de 1909 à 1911.

xo-arab09.gif Club de littérature arabe d'Istanboul (1909-1911)

Hussein ben Ali, sherif de La Mecque, dessina une première version du drapeau lorsqu'il proclama l'indépendance du Hedjaz en 1916.

Il proposa une nouvelle interprétation des couleurs: Le rouge symbolise la « maison hachémite » de Mahomet, le noir les Abbassides de Bagdad (750-1258), le vert les Fatimides du Caire (969-1171) et le blanc les Omeyyades de Damas (661-750).

xo-hejaz.gif Royaume du Hedjaz (1917-1920)

La Grande révolte arabe de 1916 qui visait à la formation d'un royaume arabe englobant tout le Bilad-Es-Sham éclata, mais une fois les terres arabes libérées de l'occupation turque, les Européens se partagèrent le Moyen-Orient sous forme du système des mandats après la Conférence de la Paix de 1919.

Les couleurs furent adoptées par de nombreux pays arabes.

160px-Flag_of_Jordan.png Jordanie (1928- )

160px-Flag_of_Palestine.png Palestine (1948- )

160px-Flag_of_Kuwait.png Koweit (1961- )

160px-Flag_of_the_United_Arab_Emirates.png Émirats Arabes Unis (1971- )

eh2.jpg République démocratique arabe Sahrawi (1976- )

so-mln96b.jpg Somaliland (1996- )

vendredi 29 mars 2019

Drapeaux musulmans (3): rouge

De nombreux chefs politiques arabes utilisaient le drapeau rouge comme emblème.

On peut citer: les Ottomans avant la prise de Byzance, le sultan du Maroc avant 1915, le dey d'Alger avant 1830, l'émir de Tripolitaine avant 1912, l'émir de Bahrein avant 1820....

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Du Magreb au Mashreck, l’utilisation distincte du rouge pour les institutions laïques, et du vert pour celles religieuses, était une pratique répandue.

L'utilisation de pavillons identiques par des dirigeants politiques de pays différends n'était pas une pratique valable dans le cadre de ce que nous appelons une mondialisation, les conseillers occidentaux français et britanniques insistèrent pour ajouter d"autres symboles sur les pavillons rouges.

Ceci donna les drapeux nationaux actuels suivants:

110px-Flag_of_Turkey.svg.png Turquie 1453

120px-Flag_of_Morocco.png Maroc 1915

134px-Flag_of_Bahrain.png Bahrein 1932

204px-Flag_of_Qatar.png Qatar 1971

160px-Flag_of_Oman.png Oman 1995

mardi 19 décembre 2017

Rouge contre Jaune (1)

En 2006 donc, la Thaïlande célébrait le jubilée du roi : soixante ans de règne et une année tout en jaune, car le monarque est né un lundi, jour de la lune. Mais cette année là a été marquée par un autre événement : le renversement du Premier Ministre Thaksin Shinawattra par un « coup » militaire soutenu par des « chemises jaunes » se réclamant du roi.

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Plus tard, par opposition à ces « jaunes », sont nés les « chemises rouges », fervents partisans de l’ex « Premier » Thaksin. Les « jaunes » (PAD: People’s alliance for democracy) et les « rouges » (DAAD: Democratic alliance against dictatorship), frères ennemis, manifestent régulièrement à Bangkok, vêtus de leur couleur et avec plus ou moins de violence, depuis septembre 2006.

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La base des « jaunes » est issue de la classe moyenne et supérieure du pays et se considère comme l’élite de la nation, tandis que la base des « rouges » est constituée d’ouvriers et de paysans du nord (Thaksin est né à Chiang-Mai) et du nord-est (Isan), la province la plus pauvre du pays. Pour simplifier, les « jaunes » souhaiteraient qu’aux prochaines élections, les votes des « rouges » n’aient pas la même valeur que les leurs, élite oblige !

Les « jaunes » considérant les « rouges » comme incultes, bon, ici on dit plutôt « baan nok » (un terme un peu méprisant qu’on pourrait traduire par « plouc »). Deux camps, deux couleurs…

Source: http://michjuly.typepad.com/blog/2010/02/importance-du-choix-des-couleurs-en-tha%C3%AFlande.html

mercredi 30 décembre 2015

Bénin

Le Bénin est un pays d'Afrique de l'ouest long de 670 km en partant de l'océan Atlantique en direction du nord. Sa largeur au niveau de la côte est de 125 km.
Sa capitale est Porto-Novo.
Son drapeau est constitué d'une laize verticale verte et de deux laizes horizontales jaune et rouge.
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Le pays regroupe une partie sud de forets et une partie nord de savanes.
Le climat est tropical et chaud, humide dans le sud et semi-aride dans le nord.
La population est composée de 39% de fons, 15% d'adjas, 12% de yorubas. Il y a une quinzaine de groupes ethniques.
La langue officielle est le français.
Les religions sont 27% de catholiques, 24% de musulmans, 17% de vaudous et 10% de protestants.
La population est de 10 millions d'habitants.
43% de la population a moins de 15 ans.
La villes principale est Cotonou (700 000 h).
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Histoire:
1415: Les Portugais débutent la recherche d'une voie maritime entre l'Europe et l'Inde pour l'approvisionnement en épices.
Ils cabotent le long des côtes africaines en une série d'expéditions. Ces expéditions créent des comptoirs dans les territoires visités.
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1472: Les Portugais arrivent à Lagos (actuel Nigéria).
Le royaume dominant de la région est celui du Bénin.
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Les Portugais donnent le nom de baie du Bénin à l'endroit.
1580: Les Portugais créent le port de Ouidah sur la côte entre les embouchures du Mono et de l'Ouémé.

Auparavant des populations d'origine Yorouba quittèrent Kétou pour s'établir à Tado, près du fleuve Mono.
Trois groupes s'y forment : Les Ewés qui se dirigent vers l'ouest (actuel Togo) et les Fons qui s'installent à l'est. Ceux qui restèrent à Tado se nomment les Ajas.
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1600: La ville d'Allada est fondée.
1625: Des guerres de succession conduisent à la formation de deux autres royaumes : Abomey et Hogbonou (Adjatché en yoruba, Porto Novo en portugais).
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1685: Akaba, considéré comme 4e roi dans les chronologies modernes, obtient la permission des chefs Gedevi, les souverains locaux, de s'installer sur le plateau d'Abomey. Akaba demande des terrains additionnels à un chef important nommé Dan (ou Dã), qui lui répond de façon sarcastique « Veux-tu t'établir jusque dans mon ventre ? ». Insulté, Akaba tue Dan et débute la construction de son palais à cet endroit. Le nom du royaume dériverait de cet incident : Dan, « chef », xo, « ventre », et mê, « à l'intérieur ».
1727: Agadja, fils d'Akaba, conquiert Allada et Ouidah. Ayant désormais un accès à la mer, il développe le commerce avec les Européens sans les intermédiaires de la côte.
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La côte prends le nom de Côte des Esclaves, comme il existe une Côte de l'Or et une Côte d'Ivoire.
Le royaume de Dahomey devient une puissance majeure dans la traite des esclaves, ceux-ci étant fournis grâce à des raids dans les régions voisines.
1848: La France abolit l'esclavage dans toutes ses colonies
1860: Fin du commerce des esclaves au Dahomey.
1863: Le roi de Porto-Novo demande la protection de la France
1868: Glèlè cède Cotonou à la France.
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1885: La Conférence de Berlin permet aux pays européens de poser les règles de partage de l'Afrique: Toute puissance européenne installée sur la côte peut étendre sa domination vers l'intérieur jusqu'à rencontrer une « sphère d'influence » voisine.
1886: Les possessions françaises (Ouidah, Grand-Popo, Porto-Novo et Cotonou) prennent le nom d'Etablissements français du golfe de Bénin, rattachés à la colonie du Sénégal.
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1890: Béhanzin attaque les Français.
1894: Béhanzin est déporté à la Martinique. Création de la Colonie du Dahomey et dépendances.
1897: Signature d'un accord germano-français sur la frontière entre Togo et Dahomey.
1899: Le Soudan français donne 11 de ses provinces du sud à la Guinée française, la Côte d'Ivoire et au Dahomey.
1904: Intégration dans l'Afrique-Occidentale française.
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1960: Indépendance de la République du Dahomey. Le drapeau prends les couleurs rouge, jaune et vert de l'Ethiopie, seul état africain indépendant.
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1975: Mathieu Kérékou renomme le pays République Populaire du Bénin. Le drapeau choisi est un drapeau vert plain avec une étoile rouge en canton.
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1990: Après la chute du mur de Berlin, la république du Bénin revient à l'ancien drapeau. Kérékou cède son poste à Nicéphore Soglo.

samedi 28 novembre 2015

Le drapeau chinois: Wǔxīng hóngqí

Le drapeau de la République populaire de Chine est appelé 五星红旗 (Wǔxīng hóngqí, le drapeau rouge aux cinq étoiles). Un champ rouge et cinq étoiles à cinq branches dorées dans son canton. Le dessin comporte une grande étoile entourée de quatre plus petites disposées en arc de cercle et orientées vers la plus grande. Le rouge représente la révolution, les cinq étoiles et leur relation représentent l'unité du peuple chinois sous la direction du Parti communiste chinois.Les 5 étoiles représentent le Parti Communiste Chinois, grand sauveur du peuple chinois, pour la grande étoile. Les quatre petites étoiles proviennent de l'article « La dictature démocratique du peuple », écrit par Mao Zedong, qui définit le peuple chinois comme la réunion de quatre classes sociales: les travailleurs prolétaires ; les paysans ; la petite bourgeoisie: commerçants, marchands ; les capitalistes patriotes: lettrés.
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Il a été créé en 1949 peu après l'arrivée au pouvoir des communistes, à la suite de la guerre civile chinoise. Le champ rouge était déjà un des symboles présent sur le drapeau du Parti communiste chinois de 1932.
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Celui ci le tenait du drapeau de l'URSS.
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Qui le tenait du drapeau des révolutionnaires bolchéviques.
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Qui le portaient en commémoration des événements de la Commune de Paris de 1871
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Qui le tenait en souvenir des événements du 17 juillet 1791, quand le maire de Paris le fit agiter pour signifier la dissolution de la manifestation ayant lieu au Champs de Mars. Devant le refus des manifestants, la Garde Nationale tira et tua 50 personnes. Le drapeau rouge "trempé dans le sang des martyrs" devint le symbole de la révolution par inversion, passant du camp des tueurs au camp des tués.

Le drapeau rouge aurait pu devenir l'emblème officiel de la France en 1948 si Lamartine n'avait pas plaidé pour le drapeau tricolore.
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