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vendredi 3 mai 2019

Drapeaux à canton (5): Pavillon français 1790-1794

Une révolte éclate dans l'escadre de Brest le 16 septembre 1790. Après envoi d'informations du chef d'escadre et rapport du comité de la marine, l'Assemblée Nationale, dans la séance du 21 octobre 1790, décide de modifier le pavillon pour y intégrer les couleurs nationales.
Auguste Jal décrit la discussion des membres de l'Assemblée dans un article de La France Maritime 1837 vol 1 page 115
On peut retrouver la retranscription exacte de la séance dans le Moniteur universel de Paris p115
Je souligne en gras les points essentiels qui furent évoquées pendant cette création.
Rappelons que depuis 1661, les navires de guerre français portent le pavillon blanc, couleur dynastique des Bourbons, comme pavillon de poupe. Et que depuis 1765, ce privilège a été étendu aux navires de commerce.

La discussion fut vive sur cette question. Le coté droit de l’assemblée tenait pour le pavillon blanc ; Mirabeau et le côté gauche opinaient pour ce qu’ils croyaient de nouvelles couleurs nationales. M. de Vandreuil, voulant écarter la proposition, qu’il voyait près de passer, disait : « J’ai une observation a faire sur le pavillon qu’on propose d’arborer : c’est le même que celui des Hollandais. »

M. de La Galissonnière, dans le même intérêt, ajoutait : « Il est d’autant plus nécessaire de conserver la couleur de notre pavillon, que ceux des Anglais et des Hollandais sont aux trois couleurs : d’ailleurs, vous occasionneriez des dépenses considérables… ll faut conserver à la monarchie son ancien pavillon. »

Mirabeau était trop habile pour laisser échapper le pauvre argument tiré des dépenses que le changement de pavillon devait amener, et dans un discours en réponse à toutes les objections du côté de l’assemblée qui lui était opposé, il jeta cette phrase dont je souligne à dessein les derniers mots, qui me serviront quand je discuterai plus bas l’origine des trois couleurs : « On a objecté la dépense, comme si la nation, si longtemps victime des profusions du despotisme, pouvait regretter le prix des livrées de la liberté. »

M. de Virieu ouvrit un avis qui finit par triompher ; il voulait bien que les couleurs nationales figurassent au pavillon, mais il prétendait que le pavillon restât blanc, quant au fond. Voici comment il exprima sa pensée : « Je ferai aussi quelques observations sur le pavillon qu’on se propose de substituer à celui qui a toujours fait l’honneur et la gloire du nom français. Tous les bons citoyens seraient effrayés si la couleur était changée. C’est ce pavillon qui a rendu libre l’Amérique. Un changement tendrait à anéantir le souvenir de nos victoires et de nos vertus. Je partage le sentiment qui a engagé le comité à nous proposer ce signe de notre liberté. En conséquence, je demanderai qu’a la couleur qui fut celle du panache d’Henri IV, se joignent celles de la liberté conquise, c’est-à-dire qu’il y soit joint une bande aux couleurs nationales. »

Mirabeau repoussa cette proposition comme les autres ; il ne vit dans l’intention de conserver le fond blanc qu’une pensée contre-révolutionnaire. Il répondit ensuite à une phrase méprisante de M. de Foucault, qui avait dit : « Laissez à des enfants ce nouveau hochet des trois couleurs ! »

Voici les paroles de Mirabeau : « Je dis qu’il est profondément criminel de mettre en question si une couleur destinée à nos flottes peut être différente de celle que l’Assemblée nationale a consacrée, que la nation et le roi ont adoptée, peut être une couleur suspecte et prescrite. Je prétends que les véritables conspirateurs, les véritables factieux, – on l’avait accusé de tenir le langage d’un factieux, – sont ceux qui parlent de préjugés à ménager, en rappelant nos antiques erreurs et les malheurs de notre honteux esclavage. »

M. Guilhermy répliqua qu’on ne pouvait vouloir la contre-révolution parce qu’on voulait conserver le drapeau blanc : « Comme si, ajouta-t-il, lorsque l’oriflamme suspendue à la voûte de cette salle ne porte pas les couleurs nationales, elle est un signe de contre-révolution. »

On ne répondit point à l’objection. Il semblait, en effet, que, pour être conséquente à elle-même, l’Assemblée nationale aurait dû avoir le drapeau tricolore dans le lieu de ses séances, au lieu de l’étendard, qui, au surplus, était encore celui de l’armée, auquel peu de jours après, seulement, on suspendit une cravate aux couleurs nationales.

L’Assemblée, après ces chauds débats, renvoya à son comité de marine la question de la forme de l’enseigne navale ; et, le 24 octobre 1790, un décret ordonna que le pavillon français porterait a l’avenir les couleurs nationales. Voici les dispositions principales de ce décret, qui donnait gain de cause à M. de Virieu.

« Art. 1er. Le pavillon de beaupré sera composé de trois bandes égales et posées verticalement ; celle de ces bandes la plus près du bâton sera rouge, celle du milieu blanche, et la troisième bleue. (On adoptait cette disposition des bandes verticales pour éviter la ressemblance avec le drapeau hollandais.)

Art. 2. Le pavillon de poupe portera, dans a son quartier supérieur, le pavillon de beaupré ci-dessus décrit ; cette partie du pavillon sera exactement le quart de sa totalité, et environnée d’une bande étroite, dont une moitié de la longueur sera rouge et l’autre bleue ; le reste du pavillon sera de couleur blanche. Ce pavillon sera également celui des vaisseaux de guerre et des bâtiments de commerce. »

Le comité de la marine fit exécuter sur une feuille de papier un modèle du pavillon de poupe, et l’envoya à M. de Fleurieu, nouvellement nommé ministre de la marine à la place de M. de La Luzerne, qui avait donné sa démission.

((/public/drapeau/fr_1790e.gif Note d’instruction sur le pavillon national de France Décrété par l’Assemblée Nationale le 24 Octobre 1790, & sanctionné par le Roi.

L’espèce de transaction qui avait timbré le pavillon de la monarchie des couleurs nationales, devait déplaire à la république ; elle n’y pensa cependant que longtemps après la mort de Louis XVI. Jean-Bon Saint-André, au nom du comité de salut public, proposa, le 27 pluviôse an II (15 février 1794), un décret qui supprimait le fond blanc et changeait l’ordre des couleurs. Ce décret fut adopté en ces termes :

« Art. 1er. Le pavillon décrété par l’Assemblée nationale constituante est supprimé.

Art. 2. Le pavillon national sera formé de trois couleurs nationales, disposées en trois bandes égales posées verticalement, de manière que le bleu soit attache à la gaule du pavillon, le blanc au milieu, et le rouge flottant a dans les airs. »

fr.gif

Jean-Bon ne pouvait proposer un changement si important sans expliquer la pensée du comité du salut public à cet égard. Voici quelques passages de son rapport :

« Un pavillon qui n’est pas celui de la république flotte encore sur nos vaisseaux. Les marins s’en indignent ; ils appellent à grands cris une réforme que vos principes, que l’honneur de la liberté réclament avec eux… L’Assemblée constituante apporta quelque changement ou plutôt une légère modification au pavillon ci-devant royal. Le peuple, fatigué de sa tyrannie, demandait que tout ce qui en retraçait le souvenir fut absorbé par les couleurs chéries de a la liberté ; des disputes sérieuses s’élevèrent dans le sein de cette assemblée sur la forme du pavillon national. On sentit bien qu’il fallait se soumettre à l’opinion publique ; … mais on tacha de l’éluder, même en paraissant la respecter : on conserva pour le fond la livrée du tyran. Et les couleurs républicaines, reléguées dans un coin du pavillon, n’attestèrent, par la mesquinerie ridicule avec laquelle on les y avait placées, que le regret de ceux à qui la puissance du peuple avait arraché ce faible sacrifice… Ce pavillon déplut presque également aux partisans du despotisme et aux amis de la liberté. Les uns ne virent dans cet alliage bizarre qu’une tache à ce pavillon, flétri par les Conflans et les Grasse ; les autres n’y virent, avec plus de raison, qu’une dérision, une caricature outrageante pour le peuple, que l’on comptait presque pour rien au moment où l’on proclamait sa souveraineté. L’imitation servile de la forme anglaise acheva d’indisposer les esprits, et ce fut avec beaucoup de peine qu’on parvint à le faire adopter. »

jeudi 25 avril 2019

Drapeaux à canton (1): Blue Ensign britannique

Les Anglais prirent l'habitude, dès le XVe siècle, de mettre leur emblème national, la croix rouge de St George sur fond blanc dans le coin supérieur gauche (le canton) des pavillons utilisés sur les navires anglais. Le reste du pavillon restait aux couleurs du propriétaire du navire.
Cette pratique fut gardée même quand l'emblème national devint l'Union Jack.
Le nombre des navires de guerre anglais augmentant avec la puissance du pays, il fut créé trois escadres de vaisseaux militaires. Chaque escadre fut identifiée par une couleur: rouge, blanc ou bleu. Elles eurent en commun de porter l'emblème national au canton.

ensign3.jpg

La Royal Navy fut réformée en 1864. L'enseigne blanche fut portée par les navires militaires, l'enseigne rouge par les navires de commerce et l'enseigne bleue par les navires appartenant à l'administration.
Les colonies britanniques réparties dans le monde utilisèrent l'enseigne bleue et la particularisèrent avec une emblème armoirie ou badge. En anglais, on dit que l'enseigne est defaced si un dessin est tracé sur la moitié flottante du drapeau.

ILES-vierges-brit.jpg Iles Vierges britanniques 1960

La reconnaissance de l'Enseigne bleue fut telle que certaines colonies continuèrent à porter ce drapeau même après être devenues des nations indépendantes.

160px-Flag_of_New_Zealand.png Nouvelle Zélande 1902

160px-Flag_of_Australia.png Australie 1909

160px-Flag_of_Fiji.png Fidji 1970

160px-Flag_of_Niue.png Niue 1975

160px-Flag_of_Tuvalu.png Tuvalu 1978

160px-Flag_of_the_Cook_Islands.png Iles Cook 1979

Ce nombre est conséquent mais il faut dire qu'à son apogée, l'empire britannique était immense.

british_empire_1.jpg

L'état américain d'Hawaï porte un drapeau avec un canton britannique qui provient de la période où cette ile était indépendante.

120px-Flag_of_Hawaii.png Hawaï 1843-1898

voir: https://www.pinterest.fr/jeremydmatthews/british-ensigns/

http://imperialflags.blogspot.com/2009/01/imperial-british-east-africa-company.html

dimanche 29 avril 2018

Vive les verts, Allez les bleus !

Cela fait longtemps que les hommes ont choisis de s'habiller de couleurs différentes pour se différencier lors de pratiques les rassemblant.

Le premier "maillot" que l'on connaisse est la tunique que portait les conducteurs de chars lors des courses se déroulant dans les cirques de Rome.

coursedechars.jpg

Ces conducteurs de chars les "auriges" appartenaient à quatre "factions" traditionnelles dont les couleurs représentaient, à l'origine, les saisons (bleu "veneta" : hiver, vert "praesina" : printemps, rouge "russata" : été, blanc "albata" : automne). Domitien (81-96 ap JC) en ajouta deux : la pourpre "purpurea" et la dorée "aurata", mais elles n'existèrent pas longtemps.

Déjà la victoire ou la défaite de tel ou tel cocher appartenant à telle ou telle faction, prenait des proportions de triomphe national ou de catastrophe publique.

A partir du IIIe siècle, les Verts absorbèrent les Blancs et les Rouges fusionnèrent avec les Bleus. Les Verts et les Bleus gardèrent la prééminence et dès lors, toute la population romaine, de l'Empereur au dernier des esclaves, se passionna pour l'une ou l'autre et paria sur ses couleurs. Dans l'Empire on fut pour les Verts (prasinianus) ou pour les Bleus (venetianus) mais ces groupes de «fautores» (on dirait aujourd'hui supporters) avaient aussi une certaine coloration politique.

Chaque couleur avait été adoptée par une classe sociale : le peuple était pour les Verts, le Sénat et l'aristocratie s'identifiaient plutôt aux Bleus. On vit les empereurs les plus « démocratiques », comme Néron, Domitien ou Commode soutenir les Verts, alors qu'un empereur plus traditionaliste, Vitellius, n'hésitait pas à faire exécuter les Verts coupables d'avoir conspué des Bleus.
vert.bmp
A Byzance, les factions des Verts et des Bleus ne sont pas seulement des sociétés de courses, ce sont de véritables partis jouissant d'une organisation politique et militaire, regroupant la population de la ville dans des milices armées, par lesquelles elles pouvaient influer sur les affaires publiques. Le cirque devint ainsi le seul endroit où le peuple put encore faire entendre sa voix à l'empereur. Justinien allait en faire l'amère expérience lors de la "sédition Nika".

Son épouse, Théodora, n'avait cessé depuis son avènement de soutenir les Bleus contre les Verts. Les premiers, assurés de l'impunité, commettaient les pires excès contre leurs rivaux qui s'organisèrent et rendirent bientôt coup pour coup. Un véritable climat de guerre civile s'installa à Constantinople. Une étincelle allait mettre le feu aux poudres.

Le 11 janvier 532, un dimanche, des courses de chars avaient lieu à l'Hippodrome. Justinien et Théodora avec toute leur Cour, y assistaient. Les supporters des Verts se mirent à insulter l'empereur qu'ils accusèrent de laisser les Bleus impunis, puis, en masse, ils quittèrent les gradins (suprême injure) et se répandirent dans la ville.

Justinien fit exécuter quelques meneurs appartenant aux deux partis. La colère populaire ne s'apaisa pas. Le 13 janvier à nouveau, au cours d'une réunion à l'Hippodrome, les hommes des deux factions réunis cette fois contre l'empereur, exigèrent de lui des mesures de clémence ; ne les obtenant pas, ils se ruèrent dans les rues au cri de "Nika" (Victoire) et se mirent à incendier les palais et à massacrer soldats et fonctionnaires.

Le 14 janvier, affolé, Justinien céda ; mais il était trop tard, la révolte devenait une révolution. Le 15, la basilique de Sainte-Sophie, le Sénat, le Palais impérial brûlèrent et durant trois jours l'incendie fit rage. Le 18, la ville était en flammes ; le peuple se réunit à nouveau dans l'Hippodrome et couronna un autre empereur, Hypatios, d'une famille jadis détrônée par Justinien et favorable aux Verts. L'empereur voulait s'enfuir par la mer ; Théodora seule fit montre de courage et conseilla de tenter une ultime résistance.

La Cour soudoya les chefs du parti bleu pour les détacher des Verts. Avec leur aide, les soldats du général Bélisaire cernèrent l'Hippodrome où ils massacrèrent les insurgés qui y étaient rassemblés. Le soir de cette tuerie,selon les sources, entre 30 000 et 80 000 rebelles jonchaient le sol sanglant du cirque. Quelques jours plus tard Justinien faisait exécuter le malheureux Hypatios.

Les courses de chars durèrent jusqu'à la prise de Constantinople par les Croisés en 1204.

http://remacle.org/bloodwolf/liege1/rcdj/Rcdj00.htm
http://antique.mrugala.net/Rome/Course%20de%20chars/Course%20de%20char.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Course_de_chars

vendredi 9 mars 2018

Bleu en 21 langues

Logographie:

Chine (1) 蓝 (lán) référence à la plante indigo
Japon (9) 青 (ao) (bleu ou vert)
Corée (20) 푸른 (pureun)

Alphabétique:

Espagnol (2) azzuro, celeste (bleu clair)
Portugais (7) azul
Français (10) bleu
Italien ( 21 ) blu, azzuro
Anglais (3) blue
Allemand (13) blau
Russe (8 ) синий, sínij (« bleu foncé »), голубой, golouboï pour bleu clair)
Turc (17) mavi
Vietnamien (14) xanh (bleu ou vert)
Javanais (12) biru

abjad

Arabe (4) أَأزرق• (āzraq) (feminin zarqa )
Ourdu (20) نیلا
Farsi (âbi)آبی

abujida

Bengali (5) নীল
Hindi (6) नीला (nīlā)
Landa/Pendjabi (11)
Telegou (15) నీలము
Tamoul (18) நீலம் (ta) (nīlam)

Le mot bleu provient du proto-germanique blao.
C'est la même origine pour le néerlandais blauw, l'allemand blau
Les Anglais disent blue, en provenance du normand blu.

Les Espagnols disent azul de l’arabe andalou lazawárd, issu de l’arabe لازورد, lāzaward (« lapis lazuli »), dérivé du persan لاجورد, lajward, issu du sanskrit राजावर्त, rājāvarta.
Le bleu ciel est appelé celeste pour les Espagnols.

Les Italiens ont empruntés les mots blu au français pour le bleu et azzurro aux Espagnols pour le bleu clair.

Le mot latin caeruleus signifiant bleu mais aussi obscur n'a pas eu de continuation hormis l'adjectif cérulé: qui a une teinte d’azur.

Les Tchèques disent siný pour bleu pâle, du vieux slave синь, sinъ (« bleu pâle ») qui donne siny (« bleu pâle ») en polonais, син, sin (« bleu ») en bulgare, синий, sínij (« bleu foncé ») en russe ; plus avant, apparenté à shine (« briller ») en anglais.

Les Russes disent golouboï pour bleu clair, mot qui sert aussi à désigner les homosexuels. Dans les bleus, la nuance « bleu ciel » (Golouboï) a un statut particulier car elle est considérée comme une couleur à part entière et génère un grand nombre d’associations dans l’imaginaire collectif. D’une part, elle servait à désigner le sang bleu, le sang noble, l’appartenance à la noblesse et à l’aristocratie. Puis, à l’ère soviétique et surtout dans les années 1960, le « bleu clair » a été assimilé au romantisme aventurier de la conquête du Grand nord (une chanson populaire de l’époque évoque les « Villes bleues » et appelait la jeunesse à partir sur les chantier de Sibérie pour construire un avenir radieux). Les « rêves bleus » correspondaient à ces illusions d’un avenir meilleur. Et l’émission la plus regardée à la télévision soviétique s’appelait « La flamme Bleue » en référence à la couleur de l’écran noir et blanc du poste de télévision.
Or, durant les vingt dernières années, ce mot a connu un revirement inattendu. En effet, « golouboï » est devenu l’euphémisme le plus répandu pour désigner les homosexuels (dès qu’il a été possible d’en discuter publiquement). Et cela s’est propagé jusqu’au dessin animé soviétique somme toute innocent, « Le chiot bleu » (qui parle d’un petit chien solitaire, que personne n’aime) en le teintant d’une connotation érotique que les auteurs étaient loin de pouvoir envisager à l’époque de sa création.

Les Tchèques disent modrý pour bleu du vieux slave modъr qui donne moder en slovène, modar en serbo-croate, modry en polonais. Le mot manque dans les langues slaves orientales. On pense qu’il est apparenté au latin madere (« mouiller ») avec le suffixe adjectival -er, il y a eu une évolution de sens depuis « mouillé » vers « qui a la couleur de l’eau », « bleu ».

Les Bretons ont un seul mot pour bleu et vert: glas.

Les Japonais avaient le mot 青, ao pour bleu comme pour vert. Il désigne actuellement le bleu. Aujourd’hui on dit plutôt 緑,midori pour le vert.
en japonais, l'idéogramme 青 qui signifie donc bleu est aussi utilisé pour désigner quelqu'un qui est encore "jeune" dans une activité. "Kare wa mada sukoshi aoi desu ne": "il est encore un peu bleu (jeune)"...
Et de façon plus générale, il existe le mot 青春, qui se lit "seishun". Littéralement, ces deux idéogrammes signifient "le printemps bleu". En réalité, ce mot désigne la jeunesse, ou plus spécifiquement de l'adolescence. Les amateurs de manga savent que ceux qui ont pour cible les ados sont appelés "seinen" (青年). Le bleu est donc la couleur de ce qui est (encore) jeune.

Les grecs disent: : κυανός (kianós). En grec ancien, Apparenté à καίω, kaíô (« brûler, incendier ») ; il désigne un éclat sombre, voir κυανόχρους, kuanokhrous (« de couleur sombre, au sombre regard »)
Comme en français avec fauve, il est sémantiquement rattaché à des animaux carnassiers, κύων, kúôn (« chien »), куна, kuna (« martre »), etc.
Il a donné cyan (bleu-vert lumineux) très éloigné du bleu sombre grec.

en hébreu: כחול Kaxol, bleu, à la même racine que khol, le maquillage des yeux
Tchelet, תכלbleu clair est la couleur du drapeau avec le blanc. Ce bleu provient d'un coquillage qu'on ne trouve qu'entre Haïfa et Tyr.

Les Arabes disent أَأزرق• (āzraq) (feminin zarqa )
Zarka (la bleue) est une ville de Jordanie. Le plus grand camp de réfugiés palestiniens en Jordanie se trouve à Zarka, et la ville elle-même compte une importante population palestinienne, autour de 50 % de ses habitants sont en effet originaires de l'autre rive du Jourdain.
Aussi en Jordanie, le château bleu Qasr al-Azraq est construit sur le basalte noir local, en une structure carrée, avec des murs longs de 80 mètres, entourant une grande cour centrale.

En hindou, bleu se dit नीला (nīlā). C'est le nom du roi des singes qui aide Rama dans la Ramayana. C'est le bleu indigo.(qui vient d'Inde).

mardi 20 juin 2017

Bleu contre Blanc

Ce billet est le premier d"une série qui va étudier l"utilisation de couleurs comme emblème de groupements humains.

L'origine du terme bleu provient de la couleur de l"uniforme des Gardes Nationales mis en place lors de la révolution française. Les Gardes Nationales parisiens sous le commandement de La Fayette, portaient une veste bleue à plastron rouge. C'était le même uniforme que les Gardes Françaises, régiment d'élite caserné à Paris et dépendant de la maison du Roi. Certains membres de ce régiment (5 des 6 compagnies) fraternisèrent avec la population parisienne qui se souleva en juillet 1789. bastille_1789.jpg Les autres soldats d'infanterie français portaient un uniforme blanc. La République établie en 1792 eut besoin de lever en masse des volontaires pour défendre la Patrie et les habilla en veste bleue. Ces volontaires, acquis aux idées de la République, prirent le surnom des Bleus. garde_nationale.jpg

Pour combattre les idées révolutionnaires, les partisans du Roi mirent en avant le blanc, couleur de la Maison de Bourbon, sur les supports différents: cocarde, drapeau, ceinture... HenrideLarochejaquelein.jpg Le moment d'affrontement le plus fort entre les deux partis eut lieu lors des soulèvements de Vendée entre 1793 et 1796.

Au retour du Roi en 1814, le blanc redevient la couleur de la France.

Tout au long du XIXe siècle, ces couleurs servirent à désigner les partisans républicains et royalistes.

mardi 26 janvier 2016

Tata

1945 : Création de Tata Motors par Jamshetji Tata, initialement pour produire des trains.Son nom officiel est TELCO, pour Tata Engineering and Locomotive Company.

1954: Premier véhicule commercial en collaboration avec Daimler-Benz AG.
tata5400.jpg

1986: Premier véhicule au design indien : Tata 407

1998: Première automobile entièrement indienne: Indica

Modification du logo conçu avec l'aide de Wolff Olins, une agence de branding basée à Londres. Le logo symbolise la fluidité et l'adaptabilité. Il est dit aussi présenter une fontaine de connaissance, ou un arbre de confiance sous lequel les gens peuvent se mettre à l'abri.
tata0302.jpg

2004 : Tata Motors rachète la branche de camions du sud-coréen Daewoo et la rebaptise Tata Daewoo Commercial Vehicle.

2007 : Accord de coopération pour la création d'une coentreprise industrielle en Inde avec le constructeur italien Fiat Group S.p.A.

2008: Lancement de la Tata Nano, une voiture produite et vendue à bas prix. Achat de Jaguar et Land Rover.

2009: Tata Motors rachète le constructeur d'autobus espagnol Hispano.