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Opposition de couleurs

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dimanche 29 avril 2018

Vive les verts, Allez les bleus !

Cela fait longtemps que les hommes ont choisis de s'habiller de couleurs différentes pour se différencier lors de pratiques les rassemblant.

Le premier "maillot" que l'on connaisse est la tunique que portait les conducteurs de chars lors des courses se déroulant dans les cirques de Rome.

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Ces conducteurs de chars les "auriges" appartenaient à quatre "factions" traditionnelles dont les couleurs représentaient, à l'origine, les saisons (bleu "veneta" : hiver, vert "praesina" : printemps, rouge "russata" : été, blanc "albata" : automne). Domitien (81-96 ap JC) en ajouta deux : la pourpre "purpurea" et la dorée "aurata", mais elles n'existèrent pas longtemps.

Déjà la victoire ou la défaite de tel ou tel cocher appartenant à telle ou telle faction, prenait des proportions de triomphe national ou de catastrophe publique.

A partir du IIIe siècle, les Verts absorbèrent les Blancs et les Rouges fusionnèrent avec les Bleus. Les Verts et les Bleus gardèrent la prééminence et dès lors, toute la population romaine, de l'Empereur au dernier des esclaves, se passionna pour l'une ou l'autre et paria sur ses couleurs. Dans l'Empire on fut pour les Verts (prasinianus) ou pour les Bleus (venetianus) mais ces groupes de «fautores» (on dirait aujourd'hui supporters) avaient aussi une certaine coloration politique.

Chaque couleur avait été adoptée par une classe sociale : le peuple était pour les Verts, le Sénat et l'aristocratie s'identifiaient plutôt aux Bleus. On vit les empereurs les plus « démocratiques », comme Néron, Domitien ou Commode soutenir les Verts, alors qu'un empereur plus traditionaliste, Vitellius, n'hésitait pas à faire exécuter les Verts coupables d'avoir conspué des Bleus.
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A Byzance, les factions des Verts et des Bleus ne sont pas seulement des sociétés de courses, ce sont de véritables partis jouissant d'une organisation politique et militaire, regroupant la population de la ville dans des milices armées, par lesquelles elles pouvaient influer sur les affaires publiques. Le cirque devint ainsi le seul endroit où le peuple put encore faire entendre sa voix à l'empereur. Justinien allait en faire l'amère expérience lors de la "sédition Nika".

Son épouse, Théodora, n'avait cessé depuis son avènement de soutenir les Bleus contre les Verts. Les premiers, assurés de l'impunité, commettaient les pires excès contre leurs rivaux qui s'organisèrent et rendirent bientôt coup pour coup. Un véritable climat de guerre civile s'installa à Constantinople. Une étincelle allait mettre le feu aux poudres.

Le 11 janvier 532, un dimanche, des courses de chars avaient lieu à l'Hippodrome. Justinien et Théodora avec toute leur Cour, y assistaient. Les supporters des Verts se mirent à insulter l'empereur qu'ils accusèrent de laisser les Bleus impunis, puis, en masse, ils quittèrent les gradins (suprême injure) et se répandirent dans la ville.

Justinien fit exécuter quelques meneurs appartenant aux deux partis. La colère populaire ne s'apaisa pas. Le 13 janvier à nouveau, au cours d'une réunion à l'Hippodrome, les hommes des deux factions réunis cette fois contre l'empereur, exigèrent de lui des mesures de clémence ; ne les obtenant pas, ils se ruèrent dans les rues au cri de "Nika" (Victoire) et se mirent à incendier les palais et à massacrer soldats et fonctionnaires.

Le 14 janvier, affolé, Justinien céda ; mais il était trop tard, la révolte devenait une révolution. Le 15, la basilique de Sainte-Sophie, le Sénat, le Palais impérial brûlèrent et durant trois jours l'incendie fit rage. Le 18, la ville était en flammes ; le peuple se réunit à nouveau dans l'Hippodrome et couronna un autre empereur, Hypatios, d'une famille jadis détrônée par Justinien et favorable aux Verts. L'empereur voulait s'enfuir par la mer ; Théodora seule fit montre de courage et conseilla de tenter une ultime résistance.

La Cour soudoya les chefs du parti bleu pour les détacher des Verts. Avec leur aide, les soldats du général Bélisaire cernèrent l'Hippodrome où ils massacrèrent les insurgés qui y étaient rassemblés. Le soir de cette tuerie,selon les sources, entre 30 000 et 80 000 rebelles jonchaient le sol sanglant du cirque. Quelques jours plus tard Justinien faisait exécuter le malheureux Hypatios.

Les courses de chars durèrent jusqu'à la prise de Constantinople par les Croisés en 1204.

http://remacle.org/bloodwolf/liege1/rcdj/Rcdj00.htm
http://antique.mrugala.net/Rome/Course%20de%20chars/Course%20de%20char.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Course_de_chars

mardi 2 janvier 2018

Rouge contre Jaune (2): Bleu, Rose, Noir et Blanc s'invitent au débat

Nous avons vu dans Rouge contre Jaune (1) que depuis 2006, une lutte opposait les chemises rouges et le chemises jaunes pour le contrôle de la vie politique en Thaïlande.
Les Chemises jaunes sont fervemment opposés à l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra qui a été démis durant le coup d'état de 2006. Elles ont adopté la couleur jaune en l'honneur du roi Bhumibol Adulyadej, la personne la plus révérée en Thaïlande de l'époque. Les Chemises rouges ne se proclament pas de gauche. Elles ont adopté la couleur rouge uniquement pour se différencier des Chemises jaunes. Elles soutiennent Thaksin.
Après le coup d'état, la vie politique a été redonnée aux civils.
Les Chemises jaunes ont accusé deux Premiers ministres d'être des marionnettes de Thaksin. Pour obtenir un changement de gouvernement, les Chemises jaunes ont organisé des actions marquantes. Elles ont occupé le siège du gouvernement pendant plusieurs mois et elles ont bloqué les aéroports de Bangkok au mois de décembre 2008, ce qui a paralysé les voyageurs dans le pays. Les Chemises jaunes ont accepté de mettre fin à leur mouvement quand un jugement a prononcé la non éligibilité des alliés de Thaksin.
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Quelques jours après que les Chemises jaunes aient proclamé leur victoire, les Chemise rouges ont de leur côté commencé à organiser leurs propres manifestations. Elles ont également occupé le siège du gouvernement et ont réuni des dizaines de milliers de manifestants à Bangkok. Elles ont été soutenues par les chauffeurs de taxi qui ont utilisé leurs véhicules pour bloquer la circulation à Victory Monument, un carrefour important de Bangkok. Les Chemises rouges ont réussi à faire annuler le sommet de l’ ASEAN à Pattaya, ce qui a mis dans l'embarras l'actuel Premier Ministre Abhisit Vejjajiva.
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Chemise jaunes et rouges obtenant ce qu'ils veulent en semant le chaos dans la plus totale impunité, d'autres participants se sont mêlés au débat en adoptant le même règles.

Les Chemises bleues sont apparues quand les Chemises rouges ont commencé à sérieusement mettre au défi le gouvernement. Dans un premier temps, elles ont affirmé ne vouloir que protéger les lieux publics, comme l'aéroport. Mais les Chemises rouges les ont bientôt accusés d'être des hommes de main à la solde du gouvernement. Toutes les Chemises bleues étaient armées de bâtons, battes de golf et barres de fer. Selon diverse sources, les Chemises bleues ont été mises en place par le maire de Pattaya, qui est le fils de ‘Kamnan Poh’ – un homme fort et controversé de cette province.
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Quand les Chemises rouges ont quitté le lieu où devait se tenir la conférence de l'ASEAN à Pattaya, un groupe de personnes portant des chemises noires leur ont lancé des pierres. Qui sont-elles ?
                               Les Chemises roses réclament la formation d'un parti politique fondé sur l'amour. Le chanteur Jintara, dans ce clip-vidéo de la chanson ‘Mop see chom-poo’, prêche la doctrine des Chemises roses. Les "chemises roses" ont fait leur apparition en 2010. "Près de 5000 manifestants ont enfilé un haut rose pour afficher leur soutien au Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, fragilisé depuis un mois par le mouvement des chemises rouges, qui réclament sa démission et des élections anticipées.
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Un groupe de nouveaux manifestants s'affichent tout de blanc vêtus, tranchant avec les couleurs arborées par les opposants à la Premier ministre, Yingluck Shinawatra. Un mouvement encore clairsemé aux contours flous, qui illustre la complexité croissante de la crise dans laquelle s'enfonce le pays depuis bientôt deux mois. Et incarne le ras-le-bol de certains habitants de la mégapole face à l'impasse politique qui perturbe la vie quotidienne et menace l'économie du pays. "Respect my vote !" affichent sur leur tee-shirt certains de ces nouveaux venus. Les blancs sont issus des chemises rouges. Les chemises blanches "souhaitent que le bras de fer politique soit réglé dans les urnes et non dans la rue", explique l'hebdomadaire alors que les Thaïlandais étaient appelés aux urnes le 2 février 2014. Environ un mois plus tard, la Cour constitutionnelle a finalement annulé ces législatives du 2 février, fortement perturbées.
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Le 20 mai 2014, le général Prayuth Chan-ocha, commandant en chef de l'Armée royale thaïlandaise, instaure la loi martiale. L'armée organise des pourparlers entre représentants des deux factions rivales afin de mettre fin aux troubles, dont le bilan s'élève à 28 morts. C'est le 12e coup d'État depuis l'instauration de la monarchie constitutionnelle en 1932.

voir: http://www.lepoint.fr/monde/thailande-et-maintenant-les-chemises-blanches-15-01-2014-1780491_24.php https://fr.globalvoices.org/2009/04/13/6388/

mardi 19 décembre 2017

Rouge contre Jaune (1)

En 2006 donc, la Thaïlande célébrait le jubilée du roi : soixante ans de règne et une année tout en jaune, car le monarque est né un lundi, jour de la lune. Mais cette année là a été marquée par un autre événement : le renversement du Premier Ministre Thaksin Shinawattra par un « coup » militaire soutenu par des « chemises jaunes » se réclamant du roi.

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Plus tard, par opposition à ces « jaunes », sont nés les « chemises rouges », fervents partisans de l’ex « Premier » Thaksin. Les « jaunes » (PAD: People’s alliance for democracy) et les « rouges » (DAAD: Democratic alliance against dictatorship), frères ennemis, manifestent régulièrement à Bangkok, vêtus de leur couleur et avec plus ou moins de violence, depuis septembre 2006.

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La base des « jaunes » est issue de la classe moyenne et supérieure du pays et se considère comme l’élite de la nation, tandis que la base des « rouges » est constituée d’ouvriers et de paysans du nord (Thaksin est né à Chiang-Mai) et du nord-est (Isan), la province la plus pauvre du pays. Pour simplifier, les « jaunes » souhaiteraient qu’aux prochaines élections, les votes des « rouges » n’aient pas la même valeur que les leurs, élite oblige !

Les « jaunes » considérant les « rouges » comme incultes, bon, ici on dit plutôt « baan nok » (un terme un peu méprisant qu’on pourrait traduire par « plouc »). Deux camps, deux couleurs…

Source: http://michjuly.typepad.com/blog/2010/02/importance-du-choix-des-couleurs-en-tha%C3%AFlande.html

mercredi 12 juillet 2017

Le Blanc et le Noir (7): Blancs contre Noirs

Au XVIIe siècle, le travail de mise en ordre et de classification de la nature aboutit aux premières taxinomies qui, organisant de manière logique les organismes vivants pour la commodité des chercheurs. Elles vont s'accompagner presque indépendamment de classifications des êtres humains servant cette fois-ci des intérêts davantage géopolitiques que scientifiques.

En 1684 dans La Revue des Savants, le médecin et philosophe François Bernier, se propose à cette occasion de rompre avec la logique géographique qui prévalait jusqu’alors dans l’appréhension des groupes humains. Il avance l’idée que les hommes puissent être classés selon leurs caractéristiques physiques, en distinguant « quatre ou cinq races humaines ». auquel il donne des noms de couleurs.
Le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), posant les bases de la systématique moderne, distingue en 1758, quatre races différenciées au sommet de l’ordre des « anthropomorpha » (les futurs primates) : Européens, Américains (nous dirions aujourd'hui Amérindiens), Asiatiques et Africains. Ces 4 races sont associées à la couleur de leur peau blanc, rouge, jaune et noir.
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Ces travaux vont faire apparaître un certain nombre d'excès dans l'interaction entre races tels l'apartheid et le racisme anti-blanc.

L’apartheid (mot afrikaans partiellement dérivé du français, signifiant « séparation, mise à part ») était une politique dite de « développement séparé » affectant des populations selon des critères raciaux ou ethniques dans des zones géographiques déterminées. Il fut conceptualisé et introduit à partir de 1948 en Afrique du Sud par le Parti national, et aboli le 30 juin 1991.
La politique d'apartheid se voulait l'aboutissement institutionnel d'une politique et d'une pratique jusque-là empirique de ségrégation raciale (Pass-laws, baasskap et colour bar), élaborée en Afrique du Sud depuis la fondation par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales de la colonie du Cap en 1652. Avec l'apartheid, le rattachement territorial (puis la nationalité) et le statut social dépendaient du statut racial de l'individu.

APARTHEID INDICATION

La politique d'apartheid fut le « résultat de l'anxiété historique des Afrikaners obsédés par leur peur d'être engloutis par la masse des peuples noirs environnants ».
Les lois rigides qui en résultèrent, « dictées par une minorité blanche dynamique obsédée par sa survie » en tant que nation distincte, furent ainsi le résultat d'une confrontation, sur une même aire géographique, d'une société sur-développée, intégrée au premier monde avec une société de subsistance, encore dans le tiers monde, manifestant le refus de l'intégration des premiers avec les seconds.

Comme les autres formes de racismes, le racisme anti-blanc peut se manifester au travers d'injures, de diffamation, de harcèlements, d'agressions (y compris de meurtres et de viols) ou de discriminations.
Aux États-Unis, il a notamment été exprimé par des groupes nationalistes noirs. Au Zimbabwe, le président Robert Mugabe a mis en place une politique raciste visant à exproprier et chasser les Blancs. En Afrique du Sud, un chant incitant à tuer des fermiers blancs a été condamné par la justice, alors que des fermiers sont régulièrement assassinés dans ce pays.
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lundi 10 juillet 2017

Le Blanc et le Noir (6): Turcs blancs contre turcs noirs

Avant d'être les habitants de l'Anatolie, les Turcs étaient des nomades qui vivaient dans les steppes du centre de l'Asie.
Dans ces peuples qui nomadisent, la référence au blanc et au noir est importante.
On rencontre:
- des Kara-Kirghizes (Kirghizes noirs) qui peuplent le Kirghizstan actuel
- des Shvetahuna (Huns blancs) du sanskrit śveta, blanc et hūna, hun, un peuple nomade, nommé Hephthalites par les Grecs, qui envahit le nord de l'Inde en 515
- des Huns noirs dont Attila devient le chef en 443 avant de les jeter à l’assaut de l'Empire Romain d'Occident
- des Ak Koyunlu (Moutons blancs) une fédération tribale d'origine turcomane qui a régné sur ce qui est aujourd'hui l'est de l'Anatolie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le nord de l'Irak et l'ouest de l'Iran de 1378 à 1508.
- des Kara Koyunlu (Moutons noirs) une autre fédération tribale turcomane qui a vécu dans les mêmes régions de 1375 à 1468.
hunlar_hangi__lkeye_aitler.jpg Les références au blanc et au noir sont donc fréquentes dans ce milieu.

Toutes ces appellations pourraient avoir une origine géographique, les Turcs associant les points cardinaux à des couleurs:
Kara, le « noir » désigne le nord,
Ak, le « blanc » désigne le sud,
Kızıl, le « rouge » désigne l’ouest,
Yeşil, le « vert » ou Sari, le « jaune » désignent l’est.
Les savants turcs eux-mêmes sont divisés sur le sujet, car chez les anciens turcophones de la steppe, le nord était désigné par ak (blanc comme la neige) et le sud par kızıl (rouge comme la chaleur).
La logique désignant le nord (obscur) par le noir, le sud (la clarté) par le blanc et l'ouest (soleil couchant) par le rouge, ne serait apparue que tardivement, en Asie mineure.

C'est cette logique qui a donné son nom à la Mer Noire. Le Pont-Euxin (tel que l'appelait les Grecs) étant situé au nord de la Turquie, a été nommé en turc: Karadeniz, « mer Noire », sombre, alors que la Méditerranée, au sud, a été appelée mer Blanche, claire (Akdeniz) (qui ne doit pas être confondue avec la mer Blanche des Russes).
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On pourrait donc avoir des Huns du Nord, des Huns du Sud...
Mais on a une autre explication qui préfère une "lutte des classes" comme explication: "Partant d'une ancienne organisation tribale Turque en des "blancs" qui représentent la classe gouvernante (huns blancs"akhunlar",mouton blanc"aq qoyunlu")et les "noirs"représentant le reste du peuple (huns noirs"karahunlar",mouton noir"qara qoyunlu")". http://www.algerie-dz.com/forums/archive/index.php/t-123345.html

C'est cette explication qui est donnée pour le phénomène plus récent de Turcs blancs et de Turcs noirs qui scinde la société turque actuelle.
Ici, on parle de siyah Türkler, beyaz Türkler, les Turcs d'aujourd'hui préférant utiliser les mots d'origine perse beyaz et siyah pour blanc et noir plutôt que les mots de racine turque ak et kara.
"Qui croire? Dans les faits, les Turcs sont profondément divisés. D'un côté, les Turcs blancs, l'ancienne élite politique européanisée, profondément attachée à la laïcité à la française, établie par Atatürk et défendue par l'armée qui, en son nom, a commis quatre coups d'État. De l'autre, les Turcs noirs, issus des milieux ruraux mais de plus en plus urbanisés, qui remettent en cause le modèle laïque, qu'ils jugent discriminatoire à l'égard des musulmans pratiquants." nous dit le journaliste qui enquête sur Erdogan http://www.lapresse.ca/international/europe/201106/10/01-4407873-turquie-erdogan-ange-des-turcs-noirs-demon-des-turcs-blancs.php
beyazturk1.jpg Autre page à lire, en anglais car elle n'a pas de version française: https://en.wikipedia.org/wiki/White_Turks_and_Black_Turks

dimanche 9 juillet 2017

Le Blanc et le Noir (5): Guelfes blancs contre Guelfes noirs

Les guelfes et les gibelins sont deux factions médiévales qui s'opposèrent militairement, politiquement et culturellement dans l'Italie des Duecento et Trecento.
À l'origine, elles soutenaient respectivement deux dynasties qui se disputaient le trône du Saint-Empire : le parti Guelfe appuyait les prétentions de la dynastie des « Welf » et de la papauté, puis de la maison d'Anjou, le parti Gibelin, celles des Hohenstaufen, et au-delà celles du Saint-Empire.

En 1289, les Guelfes de Florence battent les Gibelins et les expulsent de la ville.

La paix ne va pas durer. Les familles guelfes des Cerchi et des Donati vont se disputer le pouvoir.

L'incident précurseur eut lieu dans la ville voisine et vassale de Pistoia.
En 1294, la famille Cancelleri, du parti guelfe, se déchire: les enfants d'un premier lit aux cheveux blancs contre ceux d'un deuxième lit aux cheveux noirs.
En 1296, les fauteurs de troubles sont exilés à Florence.
Simeone da Pantano, chef de la faction noire est un ami de Corso Donati.
Schiatta Amati, le chef des blancs s'allie aux Cerchi.

Le 1er mai 1300, une échauffourée entre les plus jeunes membres des deux familles a lieu sur la Piazza Santa Trinita à Florence: Ricoverino de Cerchi coupe le nez d'un partisan des noirs.

Les Guelfes noirs, très proches de Boniface VIII, vont prévaloir sur les blancs, incapables de se défendre convenablement, et Charles de Valois, venu de France en appui du pape, investira Florence sans rencontrer aucune résistance.

Dès janvier 1302, on commence à exiler les blancs (à Ravenne notamment), dont Dante Alighieri, ainsi que le père de Pétrarque (Pétrarque, l'écrivain, naquit pendant cet exil).



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Les Guelfes noirs se partagèrent ensuite entre tosinghi et donateschi, partisans de Rosso della Tosa et de Corso Donati.

Corso Donati, surnommé " il grande barone" fut assassiné en 1308.
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Les villages de Corsini Neri et de Corsini Bianchi, près de Pistoia, existent toujours et vivent depuis le 14e siècle en rivalité.

vendredi 7 juillet 2017

Le Blanc et le Noir (4): Cisterciens contre Bénédictins

L’ordre de Cluny est un très grand ordre bénédictin. Il a été créé par Guillaume Ier, duc d'Aquitaine et comte de Mâcon, par un acte rédigé à Bourges le 11 septembre 909 (ou 910) donnant le domaine de Cluny « aux apôtres Pierre et Paul », à savoir l'Église romaine, pour y fonder un monastère de douze moines.
Ces moines portaient une robe noire par humilité tel que faisait Saint Benoit. Pour lui, la couleur est un artifice inutile.
Quand on dit noir, il faut entendre sombre. Les teintures noires de prix n'étaient pas utilisées. C'était un ensemble bleu foncé, violet sombre, gris qui étaient utilisées.
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En réaction avec le luxe de Cluny, une branche réformée des bénédictins fonde l'abbaye de Cîteaux (Robert de Molesme en 1098).
Ils veulent retrouver les principes essentiels de St Benoit. Leurs habits sont en laine non teinte, donc blanc.
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Aux moines «noirs», c'est-à-dire aux moines de Cluny, (...) on reprochait, dit-il, les abus de leurs grands abbés. Aux moines «blancs», c'est-à-dire aux Bénédictins de Cîteaux, (...) on reproche leur dureté de coeur (Faral,Vie temps st Louis,1942, p.43)

En 1124, une violente controverse va opposer Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, à Bernard, abbé de Clairvaux, filiale de Citaux. Il reproche à celui ci l'excès d’orgueil que représente le choix du blanc, couleur de la fête, la gloire, la résurrection.
Le futur saint Bernard lui répond que le noir est la couleur du diable et de l'enfer, alors que le blanc est la couleur de la pureté, l'innocence et de toutes les vertus. La querelle durera jusqu'en 1146, avec de nombreuses lettres échangées sur ce que doit être la véritable vie monastique.

jeudi 6 juillet 2017

Le Blanc et le Noir (3): Bien contre Mal

Le manichéisme est, dans son acception contemporaine, au sens figuré et littéraire, une attitude consistant à simplifier les rapports du monde, ramenés à une simple opposition du bien et du mal.
Le sens original du terme renvoie quant à lui à la religion antique du manichéisme, religion du prophète Manès.
Le prophète décrit la lutte entre le royaume de la Lumière (Ahura-Mazda) et celui des Ténèbres (Ahriman).

Pour le prêtre et sociologue Jacques Grand’Maison, « l'esprit manichéen transforme toute distinction en opposition et ramène systématiquement la complexité du réel à deux termes qui s'excluent », en recourant à des stéréotypes. « Il a envahi la religion et la culture, la morale et la politique, les idéologies et les sciences », démentant les qualités de pluralisme et de tolérance revendiquées par les sociétés modernes.

Quand il y a combat, c'est souvent entre un camp blanc et un camp noir.

Par exemple le jeu d'échecs
echecs.jpg ou le combat de Luke Skywalker (en blanc) contre Dark Vador, le champion du côté obscur de la force (en noir), version moderne du combat anges contre démons.
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mercredi 5 juillet 2017

Le Blanc et le Noir (2): Yang contre Yin

Dans la philosophie chinoise, le yin et le yang sont deux catégories complémentaires, que l'on peut retrouver dans tous les aspects de la vie et de l'univers. Cette notion de complémentarité est propre à la pensée orientale qui pense plus volontiers la dualité sous forme de complémentarité.

Le symbole du Yīn et du Yang, le tàijí tú (souvent entouré de 8 trigrammes du bagua) est bien connu dans le monde occidental depuis la fin du xxe siècle.
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Le Yin, représenté en noir, évoque entre autres, le principe féminin, la lune, l'obscurité, la fraîcheur, la réceptivité, etc.
Le Yang quant à lui (laissant apparaître le fond blanc), représente entre autres le principe masculin, le soleil, la luminosité, la chaleur, l'élan, etc.

Le taiji (ou tai-chi) est la source des huit (Bā) figures de divination (guà) et des 64 hexagrammes du Livre des Transformations (Yi King).
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mardi 4 juillet 2017

Le Blanc et le Noir (1): Lumière contre obscurité

"Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide, les ténèbres étaient au-dessus de l’abîme et le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux. Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière « jour », il appela les ténèbres « nuit ». Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le premier jour." Livre de la Genèse (Gn 1, 1-31)
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La première notion de couleur que l'homme eut est en rapport avec la lumière.

Les deux premiers adjectifs de couleur existant sont donc clair et sombre, brillant et obscure, blanc et noir.

Le noir et le blanc sont les couleurs à employer pour avoir un maximum de contraste: ce sont les couleurs de l'imprimerie.
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mardi 20 juin 2017

Bleu contre Blanc

Ce billet est le premier d"une série qui va étudier l"utilisation de couleurs comme emblème de groupements humains.

L'origine du terme bleu provient de la couleur de l"uniforme des Gardes Nationales mis en place lors de la révolution française. Les Gardes Nationales parisiens sous le commandement de La Fayette, portaient une veste bleue à plastron rouge. C'était le même uniforme que les Gardes Françaises, régiment d'élite caserné à Paris et dépendant de la maison du Roi. Certains membres de ce régiment (5 des 6 compagnies) fraternisèrent avec la population parisienne qui se souleva en juillet 1789. bastille_1789.jpg Les autres soldats d'infanterie français portaient un uniforme blanc. La République établie en 1792 eut besoin de lever en masse des volontaires pour défendre la Patrie et les habilla en veste bleue. Ces volontaires, acquis aux idées de la République, prirent le surnom des Bleus. garde_nationale.jpg

Pour combattre les idées révolutionnaires, les partisans du Roi mirent en avant le blanc, couleur de la Maison de Bourbon, sur les supports différents: cocarde, drapeau, ceinture... HenrideLarochejaquelein.jpg Le moment d'affrontement le plus fort entre les deux partis eut lieu lors des soulèvements de Vendée entre 1793 et 1796.

Au retour du Roi en 1814, le blanc redevient la couleur de la France.

Tout au long du XIXe siècle, ces couleurs servirent à désigner les partisans républicains et royalistes.