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dimanche 20 septembre 2020

L'écharpe, un signe distinctif militaire

Des chevaliers aux croisés, l’écharpe, signe distinctif ou personnel traverse les batailles

L’écharpe n’a pas toujours été un signe distinctif militaire utile et nécessaire. Son utilisation et son port correspondaient auparavant à une utilité spécifique ou un choix bien plus personnel. Les recherches à propos de son histoire, les prémisses de son apparition sont particulièrement instructives. Elles nous dévoilent de nombreuses facettes sur les origines de l’écharpe que l’on n’aurait sans doute pas imaginé sans se lancer à leurs découvertes dans les livres d’Histoire. On a toujours attribué l’utilisation de l’écharpe blanche au Moyen Âge à un rôle militaire, un signe distinctif pour se différencier de l’ennemi, un élément de ralliement à une armée ou un port de couleur martiale mais il semble que cela ne fût pas toujours le cas.

Le chevalier avait un usage simple et personnel de cette étoffe

L’armure que portait le chevalier était embarrassante, peu pratique et surtout ne lui permettait pas de porter et d’emporter avec lui des objets ou accessoires utiles. L’écharpe, relayée au rang de simple étoffe, avait au Moyen Âge un rôle purement fonctionnel. Le grand morceau de tissu faisait office de suaire, un accessoire auquel le chevalier pouvait avoir recours pour des raisons, des besoins simples mais fondamentaux ou vitaux au cours de la bataille comme par exemple panser ses plaies ou en essuyer le sang d’une blessure, tout simplement se moucher.

Puis la pratique changea. L’accessoire en tissu souvent de couleur blanche, celle du lin et nuance la plus couramment utilisée en ces temps. Symbolique et alors bien moins fonctionnel, il était le présent de la femme qu’il aimait. Le chevalier emportait avec lui et portait un signe, l’étoffe symbolisant l’amour qui le liait à sa tendre dulcinée. L’église couvrira aussi les jeunes chevaliers débutants d’une écharpe de nuance blanche, couleur qu’elle attribue à l’innocence et la pureté. L’étoffe blanche avait toute sa place dans l’attirail du chevalier.

L’étoffe devient un signe distinctif martial

C’est au temps des croisades, période à laquelle les troupes prenaient une ampleur de plus en plus importante, que l’accessoire prit progressivement le sens que l’on lui attribue bien plus facilement aujourd’hui de manière un peu hâtive. Le besoin de porter un signe distinctif de ralliement, d’appartenance à une nation prenait inévitablement tout son sens et devenait nécessaire.

L’historien Joseph François Michaud mentionnait dans ses ouvrages consacrés aux croisades l’existence et la fonction que l’on allait désormais attribuer à l’écharpe sur le champ de bataille des premières croisades : « sur la cote d’armes de chaque écuyer flottait une écharpe bleue, rouge, verte ou blanche ». L’écharpe se porte alors de manière croisée sur la cote d’armes du guerrier. Les croisés la portent en sautoir autour du cou. C’est de ce type d’utilisation et de positionnement en diagonale que naît l’expression « prendre en écharpe » qui signifie prendre de manière oblique.

Dans certains cas, au-delà de la tonalité blanche, la couleur pouvaient symboliser une alliance entre provinces ou nations. Elle restera néanmoins dans un usage le plus courant de couleur blanche. Certains écrits relatent sous Philipe Lebel l’existence d’ « escherpettes blanches cousues ».

Un élément de l’attirail du pèlerin

Le pèlerin en fit usage également. L’arsenal caractéristique du pèlerin se composait de l’écharpe et du bourdon. Celle-ci n’était en définitive qu’une bande assez mince, une courroie retenant une escarcelle. Les rois recevaient les accessoires de l’évêque ou de l’abbé. Ils prenaient alors « l’escherpe et le bourdon » avant d’entamer leur long itinéraire de pèlerinage. Au 14ème siècle, à la fin de la période des croisades et pèlerinages, l’écharpe est un accessoire à part entière de l’uniforme avec l’avènement de l’armure plate. Elle ne supporte plus une sacoche ou une escarcelle. Elle est désormais un élément distinctif, un signe exclusivement militaire.

Au 15ème siècle, peu à peu, l’utilisation de la couleur blanche n’est plus un impératif. La gendarmerie du monarque remplace progressivement la chevalerie traditionnelle. Elle n’est plus un signe martial de ralliement à une nation, une armée mais plutôt une marque de faction. Elle va prendre place en bandoulière sur les vêtements d’étoffe et de cour.

A chaque troupe, chaque infanterie, chaque nation sa couleur d’écharpe

Comme évoqué plus tôt, la couleur la plus couramment utilisée fût tout d’abord le blanc. Au 15ème siècle sous, la venue des armes à feu vient compléter dans l’attirail du guerrier et rend l’écharpe encombrante.

Par la suite, Charles IX et Henri III firent le choix de l’écharpe rouge face à leurs opposants les huguenots à l’étoffe blanche.

henri_IV_1610.jpg

Henri IV 1610

A titre d’exemple, les hollandais portaient le orange, les espagnols le rouge, les anglais le bleu.

rocroi_dernier_tercio.gif

Infanterie espagnole Rocroi 1643

On sait déjà, que du temps de la Fronde, les armées des différents partis, se distinguaient par leurs couleurs : les soldats du roi portaient l’écharpe blanche, ceux du prince de Condé l’écharpe isabelle, ceux de Mazarin l’écharpe verte."

conde_isabelle.jpg

Louis II de Condé 1649

En France, son utilisation fût peu à peu abandonnée par la suite. Gênante, lors des tournois, elle devenait même nuisible et dommageable. C’est le port du fusil au début du 18ème siècle qui conduira à l’abandon de l’écharpe et sa disparition de l’uniforme. L’écharpe en voie de disparition trouvera alors une nouvelle place auprès de l’emblème national par excellence, le drapeau.

L’écharpe, à l’origine accessoire de l’attirail martial du chevalier se mue en cravate distinctive qui se trouve en bout du fer de lance de l’étendard national, une reconversion à l’allure de retraite bien méritée.

https://www.echarpissime.com/origine-histoire-echarpe/etude-historique-echarpe/

https://artillerie.asso.fr/amad/article.php3?id_article=503

https://petitegalerie.louvre.fr/oeuvre/henri-iv-1553-1610-roi-de-france-en-armure

vendredi 3 mai 2019

Drapeaux à canton (5): Pavillon français 1790-1794

Une révolte éclate dans l'escadre de Brest le 16 septembre 1790. Après envoi d'informations du chef d'escadre et rapport du comité de la marine, l'Assemblée Nationale, dans la séance du 21 octobre 1790, décide de modifier le pavillon pour y intégrer les couleurs nationales.
Auguste Jal décrit la discussion des membres de l'Assemblée dans un article de La France Maritime 1837 vol 1 page 115
On peut retrouver la retranscription exacte de la séance dans le Moniteur universel de Paris p115
Je souligne en gras les points essentiels qui furent évoquées pendant cette création.
Rappelons que depuis 1661, les navires de guerre français portent le pavillon blanc, couleur dynastique des Bourbons, comme pavillon de poupe. Et que depuis 1765, ce privilège a été étendu aux navires de commerce.

La discussion fut vive sur cette question. Le coté droit de l’assemblée tenait pour le pavillon blanc ; Mirabeau et le côté gauche opinaient pour ce qu’ils croyaient de nouvelles couleurs nationales. M. de Vandreuil, voulant écarter la proposition, qu’il voyait près de passer, disait : « J’ai une observation a faire sur le pavillon qu’on propose d’arborer : c’est le même que celui des Hollandais. »

M. de La Galissonnière, dans le même intérêt, ajoutait : « Il est d’autant plus nécessaire de conserver la couleur de notre pavillon, que ceux des Anglais et des Hollandais sont aux trois couleurs : d’ailleurs, vous occasionneriez des dépenses considérables… ll faut conserver à la monarchie son ancien pavillon. »

Mirabeau était trop habile pour laisser échapper le pauvre argument tiré des dépenses que le changement de pavillon devait amener, et dans un discours en réponse à toutes les objections du côté de l’assemblée qui lui était opposé, il jeta cette phrase dont je souligne à dessein les derniers mots, qui me serviront quand je discuterai plus bas l’origine des trois couleurs : « On a objecté la dépense, comme si la nation, si longtemps victime des profusions du despotisme, pouvait regretter le prix des livrées de la liberté. »

M. de Virieu ouvrit un avis qui finit par triompher ; il voulait bien que les couleurs nationales figurassent au pavillon, mais il prétendait que le pavillon restât blanc, quant au fond. Voici comment il exprima sa pensée : « Je ferai aussi quelques observations sur le pavillon qu’on se propose de substituer à celui qui a toujours fait l’honneur et la gloire du nom français. Tous les bons citoyens seraient effrayés si la couleur était changée. C’est ce pavillon qui a rendu libre l’Amérique. Un changement tendrait à anéantir le souvenir de nos victoires et de nos vertus. Je partage le sentiment qui a engagé le comité à nous proposer ce signe de notre liberté. En conséquence, je demanderai qu’a la couleur qui fut celle du panache d’Henri IV, se joignent celles de la liberté conquise, c’est-à-dire qu’il y soit joint une bande aux couleurs nationales. »

Mirabeau repoussa cette proposition comme les autres ; il ne vit dans l’intention de conserver le fond blanc qu’une pensée contre-révolutionnaire. Il répondit ensuite à une phrase méprisante de M. de Foucault, qui avait dit : « Laissez à des enfants ce nouveau hochet des trois couleurs ! »

Voici les paroles de Mirabeau : « Je dis qu’il est profondément criminel de mettre en question si une couleur destinée à nos flottes peut être différente de celle que l’Assemblée nationale a consacrée, que la nation et le roi ont adoptée, peut être une couleur suspecte et prescrite. Je prétends que les véritables conspirateurs, les véritables factieux, – on l’avait accusé de tenir le langage d’un factieux, – sont ceux qui parlent de préjugés à ménager, en rappelant nos antiques erreurs et les malheurs de notre honteux esclavage. »

M. Guilhermy répliqua qu’on ne pouvait vouloir la contre-révolution parce qu’on voulait conserver le drapeau blanc : « Comme si, ajouta-t-il, lorsque l’oriflamme suspendue à la voûte de cette salle ne porte pas les couleurs nationales, elle est un signe de contre-révolution. »

On ne répondit point à l’objection. Il semblait, en effet, que, pour être conséquente à elle-même, l’Assemblée nationale aurait dû avoir le drapeau tricolore dans le lieu de ses séances, au lieu de l’étendard, qui, au surplus, était encore celui de l’armée, auquel peu de jours après, seulement, on suspendit une cravate aux couleurs nationales.

L’Assemblée, après ces chauds débats, renvoya à son comité de marine la question de la forme de l’enseigne navale ; et, le 24 octobre 1790, un décret ordonna que le pavillon français porterait a l’avenir les couleurs nationales. Voici les dispositions principales de ce décret, qui donnait gain de cause à M. de Virieu.

« Art. 1er. Le pavillon de beaupré sera composé de trois bandes égales et posées verticalement ; celle de ces bandes la plus près du bâton sera rouge, celle du milieu blanche, et la troisième bleue. (On adoptait cette disposition des bandes verticales pour éviter la ressemblance avec le drapeau hollandais.)

Art. 2. Le pavillon de poupe portera, dans a son quartier supérieur, le pavillon de beaupré ci-dessus décrit ; cette partie du pavillon sera exactement le quart de sa totalité, et environnée d’une bande étroite, dont une moitié de la longueur sera rouge et l’autre bleue ; le reste du pavillon sera de couleur blanche. Ce pavillon sera également celui des vaisseaux de guerre et des bâtiments de commerce. »

Le comité de la marine fit exécuter sur une feuille de papier un modèle du pavillon de poupe, et l’envoya à M. de Fleurieu, nouvellement nommé ministre de la marine à la place de M. de La Luzerne, qui avait donné sa démission.

((/public/drapeau/fr_1790e.gif Note d’instruction sur le pavillon national de France Décrété par l’Assemblée Nationale le 24 Octobre 1790, & sanctionné par le Roi.

L’espèce de transaction qui avait timbré le pavillon de la monarchie des couleurs nationales, devait déplaire à la république ; elle n’y pensa cependant que longtemps après la mort de Louis XVI. Jean-Bon Saint-André, au nom du comité de salut public, proposa, le 27 pluviôse an II (15 février 1794), un décret qui supprimait le fond blanc et changeait l’ordre des couleurs. Ce décret fut adopté en ces termes :

« Art. 1er. Le pavillon décrété par l’Assemblée nationale constituante est supprimé.

Art. 2. Le pavillon national sera formé de trois couleurs nationales, disposées en trois bandes égales posées verticalement, de manière que le bleu soit attache à la gaule du pavillon, le blanc au milieu, et le rouge flottant a dans les airs. »

fr.gif

Jean-Bon ne pouvait proposer un changement si important sans expliquer la pensée du comité du salut public à cet égard. Voici quelques passages de son rapport :

« Un pavillon qui n’est pas celui de la république flotte encore sur nos vaisseaux. Les marins s’en indignent ; ils appellent à grands cris une réforme que vos principes, que l’honneur de la liberté réclament avec eux… L’Assemblée constituante apporta quelque changement ou plutôt une légère modification au pavillon ci-devant royal. Le peuple, fatigué de sa tyrannie, demandait que tout ce qui en retraçait le souvenir fut absorbé par les couleurs chéries de a la liberté ; des disputes sérieuses s’élevèrent dans le sein de cette assemblée sur la forme du pavillon national. On sentit bien qu’il fallait se soumettre à l’opinion publique ; … mais on tacha de l’éluder, même en paraissant la respecter : on conserva pour le fond la livrée du tyran. Et les couleurs républicaines, reléguées dans un coin du pavillon, n’attestèrent, par la mesquinerie ridicule avec laquelle on les y avait placées, que le regret de ceux à qui la puissance du peuple avait arraché ce faible sacrifice… Ce pavillon déplut presque également aux partisans du despotisme et aux amis de la liberté. Les uns ne virent dans cet alliage bizarre qu’une tache à ce pavillon, flétri par les Conflans et les Grasse ; les autres n’y virent, avec plus de raison, qu’une dérision, une caricature outrageante pour le peuple, que l’on comptait presque pour rien au moment où l’on proclamait sa souveraineté. L’imitation servile de la forme anglaise acheva d’indisposer les esprits, et ce fut avec beaucoup de peine qu’on parvint à le faire adopter. »

jeudi 4 avril 2019

Drapeaux musulmans (9): la libération arabe de 1953

La révolution arabe déçut beaucoup les partisans d'une nation arabe unie. La nation arabe fut démembrée en divers états gouvernés par des membres de familles royales avec un très fort contrôle européen.

De jeunes officiers vont s'emparer des pouvoirs dans certains états arabes et rêver à une union nationale arabe civile. Ils ont pour nom Nasser, Khadafi, Saddam ...

Tête de file de cette génération, le colonel Nasser prends le pouvoir après le coup d'état des "officiers libres" de 1952 en Égypte.

Les putschistes conservèrent le drapeau vert frappé du croissant et des étoiles blanc qui était l'emblème du royaume et firent flotter à son côté un drapeau révolutionnaire qui présentait les 3 autres couleurs pan-arabes: rouge, blanc et noir frappé d'un aigle d'or.

eg-53.jpg Égypte drapeau révolutionnaire (1952-1958).

Les deux drapeaux furent remplacés par un tricolore rouge, blanc, noir frappé de deux étoiles vertes quand Nasser voulut réaliser son projet de la République Arabe Unie. Le projet politique échoua mais le modèle de drapeau laissa des traces dans les pays de la région:

120px-Flag_of_Syria.png Syrie (1958-1961 et 1980- ), Égypte (1958-1970).

Flag_of_Sudan.png Soudan (1970- )

120px-Flag_of_Yemen.png Libye (1969-1971), Yémen (1990- )

120px-Flag_of_Egypt.png Égypte (1984- ).

120px-Flag_of_Iraq.png Irak (2008- )

Attention: Tous le Arabes ne sont pas musulmans et tous les musulmans ne sont pas arabes (80% des musulmans ne sont pas arabes).

Il n'y a pas recouvrement complet entre les deux mondes et les emblèmes pan-arabes n'ont aucune influence dans le reste du monde musulman.

mercredi 3 avril 2019

Drapeaux musulmans (8): la révolution arabe de 1916

Ces couleurs sont inspirées d'un vers de Safiy-eddine Al-Hali (1278-1349): « Blancs sont nos bienfaits, noires sont nos batailles, verts sont nos pâturages, rouges sont nos épées » et porté sur le drapeau du Club de littérature arabe d'Istanboul qui exista de 1909 à 1911.

xo-arab09.gif Club de littérature arabe d'Istanboul (1909-1911)

Hussein ben Ali, sherif de La Mecque, dessina une première version du drapeau lorsqu'il proclama l'indépendance du Hedjaz en 1916.

Il proposa une nouvelle interprétation des couleurs: Le rouge symbolise la « maison hachémite » de Mahomet, le noir les Abbassides de Bagdad (750-1258), le vert les Fatimides du Caire (969-1171) et le blanc les Omeyyades de Damas (661-750).

xo-hejaz.gif Royaume du Hedjaz (1917-1920)

La Grande révolte arabe de 1916 qui visait à la formation d'un royaume arabe englobant tout le Bilad-Es-Sham éclata, mais une fois les terres arabes libérées de l'occupation turque, les Européens se partagèrent le Moyen-Orient sous forme du système des mandats après la Conférence de la Paix de 1919.

Les couleurs furent adoptées par de nombreux pays arabes.

160px-Flag_of_Jordan.png Jordanie (1928- )

160px-Flag_of_Palestine.png Palestine (1948- )

160px-Flag_of_Kuwait.png Koweit (1961- )

160px-Flag_of_the_United_Arab_Emirates.png Émirats Arabes Unis (1971- )

eh2.jpg République démocratique arabe Sahrawi (1976- )

so-mln96b.jpg Somaliland (1996- )

dimanche 31 mars 2019

Drapeaux musulmans (5): noir et blanc

L'islam ne possède pas de symboles officiels. Toutefois, Mahomet pour des raisons politiques était tenu de représenter la communauté musulmane naissante sous un ou plusieurs drapeaux, particulièrement en temps de guerre. Selon plusieurs sources historiques, deux drapeaux auraient été hissés lors des batailles, le premier entièrement noir, appelé Al-Raya, et le deuxième intégralement blanc, appelé Al-Liwa.

D’après d’autres sources, ces deux drapeaux auraient été frappés de la chahada et auraient remplis un rôle bien défini : le drapeau Al-Raya n’aurait été utilisé que pour les guerres, alors que le drapeau Al-Liwa aurait eu un rôle uniquement politique. En effet, si le drapeau blanc, symbole de paix, garantit des manœuvres militaires, le drapeau noir, symbole de guerre, promet, quant à lui, l'engagement des hostilités.

De nos jours, le drapeau Al-Raya est considéré par les chiites duodécimains comme le futur étendard de l’islam, lors du retour du Mahdi

ana-n.gif

Les drapeaux noirs ont été les emblèmes officiel de pays comme l'Afghanistan ou la Cyrénaïque:

af-1901b.jpg Exalted State of Afghanistan (1901-1928)

ly-cyr2.jpg Cyrénaique (1843-1950)

Les drapeaux portant la chahada, sont régulièrement utilisés ou détournés par des groupuscules jihadistes.

al_qaeda2.jpg Al-Qaeda (1988-2011)

af-1997b.jpg Emirat Islamique d'Afghanistan (1997-2001)

iq-isis2.jpg Etat Islamique d'Irak et du Levant (2006-2018)

jeudi 29 juin 2017

Blanc en 21 langues

Les 21 langues les plus parlées dans le monde représente 70 % des habitants de la planète.

Elles utilisent 4 sortes d’alphabets:

logografiques (type chine)
alphabétique (type européen)
abjad (type arabe)
abugida (type hindou)

Ce qui donne la typologie suivante:

Logographie:
Chine (1) 白 bái
Japon (9) 白 shiro
Corée (20) 하양 hwaiteu

Alphabétique:
Espagnol (2) blanco
Portugais (7) branco
Français (10) blanc
Italien ( 21 ) biancho
Anglais (3) white
Allemand (13) weiß
Russe (8 ) белый belyj
Turc (17) Beyaz
Vietnamien (14) Trắng
Javanais (12) putih

abjad
Arabe (4) سفید abyadh (masc) beiDhaa' (fem) biiDh (plur)
Ourdu (20) بيض safed

abujida
Bengali (5) সাদা Sādā
Hindi (6) श्वेत saphed
Landa/Pendjabi (11) ਚਿੱਟਾ Ciṭēد
Marathi (19) पांढरा Pāṇḍharā
Telegou (15) తెలుపు Telupu
Tamoul (18) வெள்ளை Veḷḷai

Les Romains utilisaient 2 termes pour blanc:

- albus: blanc mat que l'on retrouve dans la nom de la ville d'où venaient les premiers Romains, Romulus et Rémus: Albe la longue.

Autres pays blancs: l'Albanie et la perfide Albion (Grande Bretagne). Un fleuve blanc: l'Aube, affluent de la Seine.

Ce terme se retrouve aussi dans album, un livre avec des pages blanches que l'on remplit d'objets de collection ou de souvenirs photographiques.

On le retrouve dans albatre, pierre blanche, et albumine, le blanc d'oeuf.

A l'aube, apparaissent à l'horizon les premières lueurs du jour, avant le lever du soleil.

L'aube est un vetement liturgique en forme de tunique blanche. C'est le vetement qu'utilise le nouveau fidèle de l'église pour sa première communion.

Les Roumains utilisent le mot alb pour blanc.

- candidus: blanc brillant qui a donné Candide; le naïf héros au regard neuf du roman de Voltaire.

Candida était le nom de la toge blanche que portaient les candidats pour solliciter une fonction publique.

La candeur est la pureté d'âme, confiance, ingénuité, franchise qui devrait remplir ce candidat.

Ces mots furent remplacés par un mot emprunté au germanique blank, qui veut dire brillant, dans le latin de la fin de l'Empire.

On le retrouve dans le français blanc, l'espagnol blanco, l'italien bianco, le portugais branco.

Les Anglais utilisent white du germanique hwit qui a aussi donné le danois hvid, le néerlandais wit, le suédois vit et l’allemand weiß.

Hwit a plutôt la signification de clair que de brillant.

Les Russes écrivent белый (biélyï) de la même famille que le tchèque bílý, le polonais biały, le sorabe běły, le slovène bel, le bulgare бял

La Biélorussie est la Russie Blanche. Belgrade est la ville blanche.

Les Bretons disent gwenn comme les Gallois gwyn. Le drapeau breton est appelé Gwenn ha Du (blanc et noir).

Les Basques disent zuri.

Les Chinois écrivent et prononcent bái . Les Japonais le prononcent shiro et l'écrivent しろ/しろい en kana.

les Hindi disent: सफेद (safed). Le Safed Baradari (palais blanc), est un monument de Lucknow, en Inde

Les Arabes écrivent أبيض (abyadh) au masculin et beida au féminin. Dar El Beïda où se trouve l'aéroport d'Alger a été créée en 1880 par les Français sous le nom de Maison-Blanche lors de la colonisation. Wadi Al Abyadh est une vallée touristique d'Oman.

Les Hébreux écrivent (lavan) לָבָן. Laban est un personnage de la Bible. Il est le fils de Betouel, le frère de Rébecca, le père de Léa et Rachel, et l'oncle puis le beau-père de Jacob.

Les Grecs comme les Romains ont 2 mots : λευκό (levkó) et άσπρο (áspro).

On retrouve ces termes en français leucocytes (globules blancs) mais non dans le médicament Aspro, inventé en Australie en 1917 par les frères Nicholas: NicholAS PROduct.

Les Inuits ont sept mots différents pour sept nuances différentes de blanc.

mardi 20 juin 2017

Bleu contre Blanc

Ce billet est le premier d"une série qui va étudier l"utilisation de couleurs comme emblème de groupements humains.

L'origine du terme bleu provient de la couleur de l"uniforme des Gardes Nationales mis en place lors de la révolution française. Les Gardes Nationales parisiens sous le commandement de La Fayette, portaient une veste bleue à plastron rouge. C'était le même uniforme que les Gardes Françaises, régiment d'élite caserné à Paris et dépendant de la maison du Roi. Certains membres de ce régiment (5 des 6 compagnies) fraternisèrent avec la population parisienne qui se souleva en juillet 1789. bastille_1789.jpg Les autres soldats d'infanterie français portaient un uniforme blanc. La République établie en 1792 eut besoin de lever en masse des volontaires pour défendre la Patrie et les habilla en veste bleue. Ces volontaires, acquis aux idées de la République, prirent le surnom des Bleus. garde_nationale.jpg

Pour combattre les idées révolutionnaires, les partisans du Roi mirent en avant le blanc, couleur de la Maison de Bourbon, sur les supports différents: cocarde, drapeau, ceinture... HenrideLarochejaquelein.jpg Le moment d'affrontement le plus fort entre les deux partis eut lieu lors des soulèvements de Vendée entre 1793 et 1796.

Au retour du Roi en 1814, le blanc redevient la couleur de la France.

Tout au long du XIXe siècle, ces couleurs servirent à désigner les partisans républicains et royalistes.