Cela fait longtemps que les hommes ont choisis de s'habiller de couleurs différentes pour se différencier lors de pratiques les rassemblant.

Le premier "maillot" que l'on connaisse est la tunique que portait les conducteurs de chars lors des courses se déroulant dans les cirques de Rome.

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Ces conducteurs de chars les "auriges" appartenaient à quatre "factions" traditionnelles dont les couleurs représentaient, à l'origine, les saisons (bleu "veneta" : hiver, vert "praesina" : printemps, rouge "russata" : été, blanc "albata" : automne). Domitien (81-96 ap JC) en ajouta deux : la pourpre "purpurea" et la dorée "aurata", mais elles n'existèrent pas longtemps.

Déjà la victoire ou la défaite de tel ou tel cocher appartenant à telle ou telle faction, prenait des proportions de triomphe national ou de catastrophe publique.

A partir du IIIe siècle, les Verts absorbèrent les Blancs et les Rouges fusionnèrent avec les Bleus. Les Verts et les Bleus gardèrent la prééminence et dès lors, toute la population romaine, de l'Empereur au dernier des esclaves, se passionna pour l'une ou l'autre et paria sur ses couleurs. Dans l'Empire on fut pour les Verts (prasinianus) ou pour les Bleus (venetianus) mais ces groupes de «fautores» (on dirait aujourd'hui supporters) avaient aussi une certaine coloration politique.

Chaque couleur avait été adoptée par une classe sociale : le peuple était pour les Verts, le Sénat et l'aristocratie s'identifiaient plutôt aux Bleus. On vit les empereurs les plus « démocratiques », comme Néron, Domitien ou Commode soutenir les Verts, alors qu'un empereur plus traditionaliste, Vitellius, n'hésitait pas à faire exécuter les Verts coupables d'avoir conspué des Bleus.
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A Byzance, les factions des Verts et des Bleus ne sont pas seulement des sociétés de courses, ce sont de véritables partis jouissant d'une organisation politique et militaire, regroupant la population de la ville dans des milices armées, par lesquelles elles pouvaient influer sur les affaires publiques. Le cirque devint ainsi le seul endroit où le peuple put encore faire entendre sa voix à l'empereur. Justinien allait en faire l'amère expérience lors de la "sédition Nika".

Son épouse, Théodora, n'avait cessé depuis son avènement de soutenir les Bleus contre les Verts. Les premiers, assurés de l'impunité, commettaient les pires excès contre leurs rivaux qui s'organisèrent et rendirent bientôt coup pour coup. Un véritable climat de guerre civile s'installa à Constantinople. Une étincelle allait mettre le feu aux poudres.

Le 11 janvier 532, un dimanche, des courses de chars avaient lieu à l'Hippodrome. Justinien et Théodora avec toute leur Cour, y assistaient. Les supporters des Verts se mirent à insulter l'empereur qu'ils accusèrent de laisser les Bleus impunis, puis, en masse, ils quittèrent les gradins (suprême injure) et se répandirent dans la ville.

Justinien fit exécuter quelques meneurs appartenant aux deux partis. La colère populaire ne s'apaisa pas. Le 13 janvier à nouveau, au cours d'une réunion à l'Hippodrome, les hommes des deux factions réunis cette fois contre l'empereur, exigèrent de lui des mesures de clémence ; ne les obtenant pas, ils se ruèrent dans les rues au cri de "Nika" (Victoire) et se mirent à incendier les palais et à massacrer soldats et fonctionnaires.

Le 14 janvier, affolé, Justinien céda ; mais il était trop tard, la révolte devenait une révolution. Le 15, la basilique de Sainte-Sophie, le Sénat, le Palais impérial brûlèrent et durant trois jours l'incendie fit rage. Le 18, la ville était en flammes ; le peuple se réunit à nouveau dans l'Hippodrome et couronna un autre empereur, Hypatios, d'une famille jadis détrônée par Justinien et favorable aux Verts. L'empereur voulait s'enfuir par la mer ; Théodora seule fit montre de courage et conseilla de tenter une ultime résistance.

La Cour soudoya les chefs du parti bleu pour les détacher des Verts. Avec leur aide, les soldats du général Bélisaire cernèrent l'Hippodrome où ils massacrèrent les insurgés qui y étaient rassemblés. Le soir de cette tuerie,selon les sources, entre 30 000 et 80 000 rebelles jonchaient le sol sanglant du cirque. Quelques jours plus tard Justinien faisait exécuter le malheureux Hypatios.

Les courses de chars durèrent jusqu'à la prise de Constantinople par les Croisés en 1204.

http://remacle.org/bloodwolf/liege1/rcdj/Rcdj00.htm
http://antique.mrugala.net/Rome/Course%20de%20chars/Course%20de%20char.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Course_de_chars